Invisible Awards 2017: Les résultats

 

Dernier post pour ce blog, qui a laissé place à l’aventure Gnapp!
En fin d’année, il est temps de récompenser les meilleurs albums parus, que j’ai pu lire et traiter, dans ces colonnes, sur les différents réseaux de Gnapp ou dans les pages du journal Zoo.
Comme toujours, 10 catégories, récompensant tant les artistes que les albums.

Voici donc ma sélection 2017 !

MEILLEUR TITRE JEUNESSE 2017

1- Imbattable tome 1, par Pascal Jousselin, aux éditions Dupuis
2- Supers tome 3, par Frédéric Maupomé et Dawid, aux éditions de La Gouttière
3- Quand le cirque est venu, Wilfrid Lupano, Stéphane Fert, aux éditions Delcourt

Le vainqueur 2016 (Supers) toujours présent dans ce top 3 des meilleurs titres jeunesse de cette année, parce que d’une superbe constance; un livre de la superbe collection Les enfants gâtés, chez Delcourt, avec un fond d’une très belle richesse et un dessin vraiment enthousiasmant, autant dire que ça partait bien.
Mais il est indéniable que le premier tome d’Imbattable possède quelque chose en plus. Sans doute le fait d’être une démonstration de tout ce qu’il est possible de faire en bd, sans être une leçon. C’est drôle, c’est bourré d’énergie, ça possède plusieurs niveaux de lecture… Bref, rien ne devait priver Imbattable cette année, du prix du meilleur titre jeunesse.

Autres concurrents: Aliénor Mandragore tome 3, Titeuf tome 15, Boule à zéro tome 6

MEILLEUR TITRE MANGA 2017

1- L’enfant et le maudit tomes 1,2,3, par Nagabé, aux éditions Komikku
2- La forêt millénaire, Jiro Taniguchi, aux éditions Rue de Sèvres
3- Vinland Saga tome 18, Makoto Yukimura, aux éditions Kurokawa

Dernier album posthume pour Jiro Taniguchi, maître du manga adulé par les français, La forêt millénaire est un superbe ouvrage autant qu’une belle histoire comme Taniguchi savait les écrire.
Makoto Yukimura, avec Vinland Saga, démontre qu’on peut écrire une saga au long cours, réserver des surprises à ses lecteurs sans jamais se perdre en chemin. Autant le mettre en valeur.
Mais l’enfant et le maudit, aux éditions Komikku, restera une des superbes découvertes de cette année 2017, tous genres confondus. Parce que Nagabé, l’auteur, développe un univers mystérieux et poétique, dans une ambiance complètement prenante. Parce que son dessin, extrêmement fin, se montre en décalage avec les canons du moment et se montre autant acéré que rafraîchissant. Bref, félicitations à l’éditeur français pour avoir repéré cette belle pépite !

Autres concurrents: Les royaumes carnivores, LastMan, Après la pluie

MEILLEUR TITRE COMIC-BOOK 2017

1- Seven to Eternity tome 1, par Rick Remender, Jerome Opena, Matt Hollingsworth, aux éditions Urban Comics
2- Walking Dead tome 27, par Robert Kirkman, Charlie Adlard, aux éditions Delcourt
3- Lazarus tome 5, par Greg Rucka, Michael Lark, aux éditions Glénat Comics

Il est de bon ton de cracher sur Walking Dead, qui ne serait plus à la hauteur, plus aussi bien qu’avant, tout ça… Autant dire qu’ici on ne cède pas au snobisme et que l’on sait mettre en avant les séries qui osent jouer le feuilleton et qui le font bien.
On sait aussi mettre en avant des séries moins connues, mais développant pourtant des univers forts. Encore du post-apo, me direz-vous, c’est une sélection thématique, à croire… Mais Lazarus mérite d’être lue et découverte, tant pour son scénario complexe, géopolitique autant que bourré d’action, que pour son dessin réaliste immersif.
Mais voilà, il y a eu la découverte Seven to Eternity, qui a remporté la palme en toute fin d’année. Un univers extrêmement complexe, un méchant en or, une série qui ose régler son compte au vilain dès le début pour nous montrer que l’enjeu est ailleurs… Et une alliance dessinateur/ coloriste d’exception. Bref, côté US, Seven to Eternity était LA série à découvrir cette année !

Autres concurrents: The Authority tome 1, Faith tome 1, La sorcière rouge

MEILLEUR TOME 1 SERIE FRANCO-BELGE 2017

1- Face au mur tome 1, par Laurent Astier et Jean-Claude Pautot, aux éditions Casterman
2- Katanga tome 1, par Fabien Nury et Sylvain Vallée, aux éditions Dargaud
3- Les chiens de Pripyat tome 1, par Aurélien Ducoudray et Christophe Alliel, aux éditions Bamboo/ Grand Angle

Bon, d’accord, on n’a pas dit que ce seraient des séries longues. Mais la tendance globale est quand même au diptyque ou au triptyque. Donc on récompense ce qu’on a, et là on a trois séries dont les premiers tomes se sont montrés vraiment plaisants, à nous donner envie de lire leur suite.
Katanga, c’est juste une énorme réussite, un Fabien Nury au scénario parfaitement huilé, un Sylvain Vallée complètement inspiré et sublime dans toutes les pages, complété par un Jean Bastide au top à la mise en couleur.
Les chiens de Pripyat proposent une histoire vraiment déroutante, à la croisée entre réalisme et science-fiction, on a hâte de lire la suite, surtout avec l’implication de Christophe Alliel au dessin et de Magalie Paillat à la couleur.
Mais voilà, le coup de poing dans le bide est venu d’un polar, de Face au mur de Laurent Astier, d’après l’histoire vraie de Jean-Claude Pautot. Une narration exigeante, un dessin rageur, même quand on n’aime pas les histoires de truands, on est absolument captivé par ce pavé. Autant vous dire que je ne raterai pas la sortie du tome 2 en janvier prochain !

Autres concurrents: Bug, Le projet Bleiberg, Geisha ou le jeu du Shamisen

MEILLEURE SERIE FRANCO-BELGE 2017

1- Le roy des ribauds tome 3, par Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, aux éditions Akiléos.
2- L’adoption tome 2, par Zidrou et Arno Monin, aux éditions Bamboo/ Grand Angle
3- Leviathan tome 2, par Luc Brunschwig, Aurélien Ducoudray et Florent Bossard, aux éditions Casterman

Une fois passé le tome 1, quelles séries font leurs preuves?
Récompensé l’an dernier pour son premier tome déroutant bien que sublime, L’adoption se confirme avec son tome 2 comme un très beau diptyque qui gagnera à être lu en version intégrale.
Deuxième tome aussi pour Leviathan de Brunschwig, Ducoudray et Bossard. Cette histoire qui nous plonge dans un monde de film catastrophe et nous propose de vraies histoires humaines reste passionnante à suivre comme le tome 1 le laissait penser.
Mais donc c’est une fin de cycle et un tome 3 qui sera récompensé cette année, avec la très belle saga médiéval Le roy des Ribauds. Epique, humaine, dessinée avec une fougue et une inspiration toujours aussi bluffante (mais pas surprenante pour qui connaît Ronan Toulhoat), on n’a qu’un seul regret, que la série fasse déjà une pause. On espère bien que Vincent Brugeas pourra continuer à écrire son Triste Sire.

Autres concurrents: Les maîtres inquisiteurs tome 7, L’homme qui n’aimait pas les armes à feu tome 4, Alix Senator tome 6

MEILLEUR ONE-SHOT FRANCO-BELGE 2017

1- Betty Boob, par Véro Cazot et Julie Rocheleau, aux éditions Casterman
2- La terre des fils, par Gipi, aux éditions Futuropolis
3- Petite maman, par Halim, aux éditions Dargaud

La Terre des fils rafle les prix sur cette fin d’année. Saint Malo, ACBD, Grand prix RTL, c’est évidemment un des titres qui aura marqué l’année 2017, à juste raison. Jusqu’à cet automne, je pensais le récompenser moi aussi.  Mais il aura connu de ma part un choix « politique », qui l’aura rétrogradé à la seconde place. C’est un choix engagé et non la marque d’un doute sur ce livre là qui est réellement excellent.
Petite maman, c’est un des grands manque à mes yeux de la sélection Angoulême 2018. Halim a produit une bd violente, qui fait réfléchir sur l’enfance maltraitée, avec un dessin parfaitement accordé. Il fait partie des titres que je vais retenir sur cette année 2017.
Mais voilà, il y a eu Betty Boob, qui m’a fait passer ces deux là en retrait. Parce que c’est une bd sans texte qui m’a enthousiasmé alors que je suis assez peu client du genre. Parce que c’est une histoire qui fait du bien, qui ne considère pas les femmes atteintes d’un cancer du sein comme des femmes à la vie finie. Cette histoire ne néglige jamais le souffrance mais elle rappelle aussi tout ce qu’il est encore possible de vivre. Véro Cazot a fait un boulot magnifique. Tout autant que sa collègue Julie Rocheleau qui a livré un découpage impressionnant des des dessins d’une sensibilité rare.
L’association parfaite et un coup de coeur militant pour ce qui me concerne.

Autres concurrents: Alexandrin, Emma G. Wildford, Comme une odeur de diable…

MEILLEUR COLORISTE 2017

Photo: Babelio

1- Jean Bastide, Katanga tomes 1 et 2, aux éditions Dargaud
2- Matt Hollingsworth, Seven to Eternity tome 1, aux éditions Urban Comics
3- Simon Champelovier, L’homme qui n’aimait pas les armes à feu tome 4, aux éditions Delcourt

Bien évidemment, cette catégorie n’entend pas prétendre avoir identifié TOUS les coloristes actifs cette année, juste donner un coup de projecteur sur cette profession et sur ces artistes trop souvent passés sous silence. Oui, il y a des manquants. Et par ailleurs, je n’ai pris en compte QUE les coloristes en tant qu’acteurs indépendants et non en tant que dessinateur-coloriste de leur propre album.
Mais donc, j’ai déjà un peu évoqué l’américain Matt Hollingsworth, dont la collaboration sur Seven to Eternity crée un monde de toute pièce, un monde empli de magie inconnue, et le rend crédible. Mais Hollingsworth marque de son empreinte chaque année un peu plus le monde du comic-book.
Simon Champelovier, lui, développe une atmosphère tout à fait unique, que l’on ne retrouve dans aucun autre album de western jusque là. Une spécificité qui va parfaitement à l’histoire décalée de L’homme qui n’aimait pas les armes à feu.
Alors pourquoi Jean Bastide? Pour sa carrière d’abord, tant le moindre des albums qu’il met en couleur est une réussite. Et puis parce qu’il fait littéralement fusion avec Sylvain Vallée sur Katanga. On serait persuadé que le dessinateur malouin est aux manettes des couleurs, et cette osmose est toujours signe d’un grand talent. Bastide complète Vallée comme une évidence. Et sur le tome 2 de Katanga, il livre une prestation impressionnante sur la narration, en faisant évoluer les nuances du ciel, de la lumière, à mesure que la journée avance dans le récit. Il est un véritable métronome. Il méritait donc bien d’être mis en avant pour ces Invisible Awards!

Autres concurrents: Florence Torta, Elodie Jacquemoire, Fabien Alquier…

MEILLEUR DESSINATEUR 2017

Photo: Wikipedia

1- Sylvain Vallée, pour Katanga tomes 1 et 2, aux éditions Dargaud
2- Alain Kokor, pour Alexandrin ou l’art de faire des vers à pieds, aux éditions Futuropolis
3- Bryan Hitch, pour The Authority tome 1, aux éditions Urban Comics

Alain Kokor est un artiste complet, mais cette année, c’est en collaboration avec Pascal Rabaté qu’il se produit, alors c’est en dessinateur qu’il sera mis à l’honneur. Le roadtrip Alexandrin est un ovni délicieux et Kokor y est pour beaucoup. Un trait léger et tout en sensibilité, une mise en couleur délicieuse, font d’Alexandrin une lecture d’une délicatesse incroyable.
Dans un style tout à fait opposé, prenons le temps de nous pencher à nouveau sur l’excellente prestation de Bryan Hitch sur The Authority, réédition, certes, mais qui a sublimé aux US d’un dessin « blockbuster », qui en met plein la vue au lecteur adepte de trait réaliste. C’est puissant, violent, cadré avec un dynamisme dingue, bref, c’est une proposition tellement intense que même sur une compilation/ réédition, on ne peut pas la laisser passer.
Je viens de vous dire tout le bien que je pensais de Jean Bastide et de son osmose avec Sylvain Vallée? Tant mieux pour Dargaud et Katanga, mais c’est donc lui que je récompense d’un Invisible Award ! Vallée, c’est une qualité et un professionnalisme dans toutes les dimensions du dessin. Ce sont des tronches incroyables, des personnages toujours bien campés, des décors poussés et par dessus tout, une énergie de dingue dans la moindre case. Rajoutez à cela qu’il est rapide, vous avez tout pour faire de cet artiste une référence de la bande dessinée grand public.

Autres concurrents: Mathieu Lauffray, Frédéric peynet, Sergio Toppi…

MEILLEUR SCENARISTE 2017

Photo: Yolande Mignot- Le courrier de l’Ouest

1- Pascal Rabaté, pour Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied, aux éditions Futuropolis
2- Véro Cazot, pour Betty Boob, aux éditions Casterman
3- Rick Remender, pour Seven to Eternity tome 1, aux éditions Urban Comics

Véro Cazot est une scénariste dont on aimerait bien se plonger dans la tête. Quand on voit quelle inventivité elle déploie dans Betty Boob, on aimerait bien mieux la comprendre. Et quand on constate l’intelligence de son propos, on aimerait bien lire de nouveaux albums de bd qu’elle écrirait. Bref, Véro Cazot marque les esprits et c’est tant mieux!
Rick Remender est désormais un scénariste à la réputation solide, dans le comic-book américain. Qu’il fasse de la bd « indé » ou du super-héros, il s’assure le succès à chaque production ou presque. Une valeur sûre, en somme… Seven to Eternity ne fait pas exception. Un monde à la richesse immense, un parti pris scénaristique décalé et inattendu, il nous « pogne » et on aime ça!
Mais c’est à la sensibilité de Pascal Rabaté, excellent artiste complet mais aussi fantastique concepteur d’histoire pour les autres. Alexandrin, c’est Kokor mais c’est aussi Rabaté. C’est un regard magnifique sur la nature humaine, une compréhension de l’autre, une empathie qui nous fait adhérer à la moindre de ses histoires. Alexandrin ne sera pas l’album le plus mis en avant cette année mais c’est vraiment très dommage !

Autres concurrents: Zidrou, Frédéric Maupomé, Jody Houser…

MEILLEUR(E) AUTEUR/ AUTRICE COMPLET(E) 2017

Photo: Bedetheque.com

1- Gipi, pour La terre des fils, aux éditions Futuropolis
2- Nagabé, pour L’enfant et le maudit, aux éditions Komikku
3- Enki Bilal, pour Bug tome 1, aux éditions Casterman

Enki Bilal, c’est un peu le marronnier de la sélection, je le reconnais. C’est un artiste qui n’a plus rien à démontrer. Mais pourtant, son Bug se montre particulièrement inspiré, intelligent, questionnant… Son dessin évolue encore, alors quand un artiste aussi reconnu que lui fait encore vivre son art, on ne peut pas le taire.
Nagabé, c’est définitivement ma découverte manga de l’année. Il propose avec l’enfant et le maudit une œuvre tellement décalée de ce qui se fait aujourd’hui dans le manga mainstream, que je ne peux que lui tirer ce coup de chapeau.
Reste donc celui a qui à échapper le prix du meilleur one-shot de l’année, Gipi. Parce que je ne peux pas délaisser un tel artiste… La terre des fils, c’est une histoire fantastiquement intelligente sur le fond, un roman d’éducation sur fond Mad Max barré, mais c’est aussi un dessin acerbe, tranchant, parfaitement dans le ton du monde qu’il met en scène. Alors quand fond et forme ne font qu’un et qu’un artiste met autant d’engagement dans son travail, il n’y a qu’à le célébrer…

Autres concurrents: Richard Guérineau, Laurent Leufeuvre, Marion Montaigne…

 

 

Merci à tous pour m’avoir suivi sur les Chroniques de l’Invisible. Ceci était le dernier post de ce blog. La suite se passe désormais sur les réseaux sociaux de Gnapp et dans Zoo. C’est toujours un grand bonheur de pouvoir partager ces livres avec vous tous !

5 réflexions sur “Invisible Awards 2017: Les résultats

  1. Purée, avec un tel article, je me rends compte que je n’ai pas beaucoup suivi les parutions de 2017 ! Il va falloir que je me remette à flot là-dessus, car certains titres ont l’air vraiment incontournables ! 🙂

  2. Oui, celui-là, je l’avais repéré sur différents articles, j’espère qu’il est dans ma bibliothèque ! (ou sinon je leur suggérerai !)
    Sinon, dans tous les classements, lesquels me conseillerais-tu ? (des fois que le Père Noel lirait ce message… ;))

  3. Imbattable, top pour tous les publics.
    L’enfant et le maudit, trois tomes, pour qui est un peu allergique au manga « naruto like », c’est excellent. Tous les one-shots évoqués…. ^^

  4. Imbattable, je vais peut-être le mettre sur une commande pour le collège alors ! Le reste, ce sera pour Noël (j’espère… ;))

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