La fillette au drapeau blanc, Saya Miyauchi, Akata


Hiroshima occupe une place majeur dans les esprits, quand on évoque les souffrances du peuple japonais pendant la seconde guerre mondiale. Pourtant d’autres territoires nippons ont connu les combats et ces populations civiles ont souffert elles aussi. En développant une anecdote de la bataille d’Okinawa, Saya Miyauchi vient rappeler que face à la guerre les civils ne sont que d’un seul camp, celui des victimes.

La fillette au drapeau blanc: survivre dans l’horreur de la guerre

Avril 1945. L’ile japonaise d’Okinawa voit arriver les navires américains. L’invasion commence avec pilonnages d’artillerie, troupes au sol et soutien aérien.
Face à cette armada les civils fuient. Et tentent difficilement de survivre. Parmi eux, Tomiko, 6 ans. Sa mère est morte avant l’invasion. Son père a disparu au début de celle-ci. Elle erre sur les routes, se cache dans les grottes de montagne avec ses frères et sœurs. Mais quand elle se perdra, elle devra survivre, seule. Que peut une petite fille dans de telles conditions?

Une œuvre qui n’épargne rien

Sachez-le, La fillette au drapeau blanc est une œuvre percutante. Le mangaka qui réalise l’adaptation signe un récit qui n’occulte rien des œuvres de la guerre. Il dénonce de manière directe les horreurs connues par les civils sans dédouaner aucun camp.
Évidemment, les américains sont à l’origine des multiples morts, mais Miyauchi tacle aussi des soldats japonais devenus fous et capables eux aussi de tuer des innocents.

Même si les massacres nous sont montrés sans fard, ce manga est une ode à la vie. On est très loin des idéaux mortifères cultivés par la société japonaise de l’époque. Tomiko ne pense qu’à survivre et ceux qui l’aideront dans son périple n’auront pas d’autre objectif. Cela fait beaucoup de bien.

Un dessin qui ne cache rien

Si le propos de Saya Miyauchi est acéré, son dessin se place à l’unisson.
Ne pensez pas que vous allez échapper à l’horreur de la guerre. Cadavres entassés, vers sur plaie à vif, mort d’innocents, tout sera parfaitement visible.
Mais sans que se crée un effet d’écoeurement. L’auteur dose subtilement la violence qu’il distribue ce qui fait que l’on est évidemment choqué mais pas repoussé. La violence ne nous fait pas perdre de vue l’histoire et le propos.

Le seul bémol graphique sur ce dessin excellent par ailleurs, c’est l’utilisation des trames. C’est quoi une trame? C’est une feuille imprimée de motifs géométriques que le mangaka va venir poser sur le dessin pour rajouter une texture particulière. Les ombres notamment, sont souvent traitées de cette façon. Sur ce manga là, les effets sont un peu trop visibles, ils manquent de naturel parfois. On sent le rajout, là où ces produits sont censés se fondre dans le dessin. Mais cela tient du chipotage…

Appelons-en à Gen

Évidemment il est difficile de ne pas penser à Gen d’Hiroshima, le manga de Keiji Nakazawa, en lisant ce recueil. Tous deux viennent explorer le vécu des civils japonais face aux horreurs de la guerre. Récit fleuve, Gen a évidemment plus d’ampleur, mais La fillette au drapeau blanc n’a pas à rougir face à son grand ancien. Le récit est extrêmement touchant et pointe bien du doigt la façon dont les civils subissent les guerres à cause des armées et de leurs chefs.
Ce manga fait partie des meilleurs de l’année, incontestablement.

ET SI ON DONNE UNE NOTE?

18,5/20

 

Titre: La fillette au drapeau blanc
Auteur: Saya Miyauchi
Éditeur VO: Kodansha Ltd
Éditeur VF: Akata
Date de publication Vf: Octobre 2017
D’après l’œuvre de Tomiko Higa

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