Dernier tome tout juste sorti, pour une des séries très appréciées scénarisée par Wilfrid Lupano. Un western qui n’en est pas un, jusque dans le titre qui a toujours pris le contrepied des clichés du genre. Et ça tombe bien, pour son dernier opus le scénariste n’a absolument pas bougé d’un iota. Pas question de subir les clichés, les rebondissements seront nombreux et toujours autant hauts en couleur.
L’homme qui n’aimait pas les armes à feu et le mur de la réalité
Les lettres du père du 2e amendement de la constitution américaine, véritables brûlots pour les amateurs d’arme, terminent leurs courses à Washington. Entre les mains des navajos qui entendent bien faire chanter les industriels de l’armement pour le bénéfice de leur peuple. Mais Margot, qui devairt les utiliser à son propre profit, n’a pas lâché l’affaire et a rejoint elle aussi la capitale. Avec sur ses traces, son ancien amant Knut qui entend bien la tuer. Byron, complètement à la ramasse, fini par arriver à son tour mais sans trop savoir quoi faire.
La confrontation finale approche. A quoi vont donc servir ces lettres?
Le western de Boulevard
En lisant ce quatrième tome de L’homme qui n’aimait pas les armes à feu, on réalise que Wilfrid Lupano a développé un genre unique, le western-boulevard. Ca tire à tout va autant que les portes claquent. Les trames narratives propres à chaque personnages se croisent, se télescopent, pour notre plus grand bonheur. Parce que chacune de ces rencontres est haute en couleur. Entre les caractères bien affirmés et les enjeux tous différents, croyez-bien que vous n’allez pas vous ennuyer. Cela donne des fins très différentes pour les différents personnages, mais toutes cohérentes et très bien menées.
Evidemment, les quiproquos et les coups du sort sont légions pour venir faciliter l’histoire, mais on consent bien volontiers à ces petits artifices, tant le résultat est plaisant. Wilfrid Lupano s’amuse, il nous régale, il n’y a pas de raisons de faire la fine bouche. Mais permettez-moi de vous en laisser la surprise. Pas de « spoil » dans cette chronique.
Comment écrire une histoire en respectant l’Histoire?
Tout le monde est parfaitement au courant, je pense, de la place que tiennent les armes dans la culture américaine aujourd’hui.
Donc autant vous dire que des lettres d’un Père Fondateur qui auraient empêché cette évolution, vous en seriez au courant. Je ne spoile pas, cette fois, en disant qu’évidemment, si Wilfrid Lupano fait le choix de respecter l’Histoire, la lutte de Byron est vouée à l’échec.
Mais justement, c’est ça qui est fort bien mené par le scénariste. Il se glisse dans les interstices de l’Histoire pour raconter des faits qui auraient pu changer la face du monde. Et qui l’ont fait, d’une certaine façon… Vous verrez comment est gérée la conclusion, mais c’est là encore, une utilisation extrêmement maline de l’Histoire. Rien ne dit que Lupano n’a pas raison. Rien ne dit qu’il a tort.
Et du coup, Histoire et histoire peuvent fusionner pour notre plus grand plaisir et en toute crédibilité.
Paul Salomone: finesse et simagrées
Le dessinateur de L’homme qui n’aimait pas les armes à feu a décidément été une bonne découverte pour moi. Ce que j’apprécie tout particulièrement chez lui, et dans ce quatrième tome, c’est sa capacité à allier finesse et caricature. Souvent, quand on cherche à faire des visages grossiers, un peu caricaturaux, on va alourdir le trait. On va lui apporter une plus grande souplesse. Ce n’est pas le cas pour Salomone qui dessine réellement tout en finesse, avec un trait extrêmement ténu et un encrage suffisamment léger pour ne rien écraser ou grossir.
Le mélange n’est pas habituel, mais avec Paul Salomone, il fonctionne très bien.
Baissé de rideau sur Washington
Dernières pages pour L’homme qui n’aimait pas les armes à feu, donc.
Cette histoire aura fort bien été menée, de bout en bout des quatre tomes.
Sans être LA série la plus efficace de Wilfrid Lupano, elle restera tout de même comme une belle proposition bédéiste, qu’il sera très intéressant, je pense, d’acquérir ensuite au format intégrale pour mieux la redécouvrir encore.
ET SI ON DONNE UNE NOTE?
17.5/20
Série: L’homme qui n’aimait pas les armes à feu
Tome: 4
titre: La loi du plus fort
Scénariste: Wilfrid Lupano
Dessinateur: Paul Salomone
Coloriste: Simon Champelovier
Editeur: Delcourt
Date de publication: Juin 2017
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