Sykes (Lundi One-Shot)

Titre: Sykes
Scénariste: Pierre Dubois
Dessinateur: Dimitri Armand
Coloristes: Dimitri Armand, Sébastien Gérard
Editeur: Le Lombard
Collection: Signé
Date de publication: Novembre 2015

Soyons honnête. Si je n’avais pas découvert Dimitri Armand via Bob Morane, j’aurai eu la paresse intellectuelle de ne pas trop regarder ce livre. Le western, j’aime bien, mais je suis pas mal marqué par les grandes références du genre, Giraud, Jijé, Boucq, Derib… Mais je serai passé à côté d’un bel album, ça aurait été dommage…

Le marshall Sykes est en route sur les pistes de l’Ouest, traquant une bande de malfrats sans foi ni loi avec l’aide de son partenaire O’Malley. Une piste parsemée de morts, de massacres infâmes, et de destins brisés. Mais Sykes va tout faire pour arrêter ces criminels. Quitte à être emporté par une déferlante aux conséquences funestes.

PERDANT A TOUS LES COUPS

Pierre Dubois, que l’on connaissait principalement pour les histoires folkloriques de petit peuple, propose ici un western particulièrement sombre et violent. Cette violence qui fait le coeur de son propos, la ligne directrice de son scénario. Comment elle emporte les gens malgré eux, comment elle corrompt complètement leur vie et leur entourage. Une ligne philosophique qui s’avère particulièrement pertinente dans la période troublée que nous connaissons. Mais ce n’est que pure coïncidence, cette histoire a été écrite il y a plus de six années.
Pourtant, Sykes et plaisant. Il a tout du héros, il a le charisme, l’intelligence, la vaillance. Mais justement, c’est ça qui est intéressant. C’est malgré toutes ces qualités qu’il fonce vers les évènements tragiques qui marquent sa vie. Comme s’il n’y avait aucun échappatoire pour les hommes de son genre. Mais il ne semble pas y avoir guère plus de réjouissance pour les innocents. Ceux qui le sont dans cet album, ne le restent pas longtemps. Soit ils chutent, soit ils meurent. On va espérer que de ce point de vue là, Pierre Dubois se trompe.
J’ai aussi apprécié la façon dont les informations sont données. Dubois n’écrit pas d’introduction, il nous plonge immédiatement dans le récit, révélant seulement à la toute fin l’histoire de son héros. Seul bémol, cette construction l’empêche de donner une réelle identité à ses antagonistes. A tel point qu’on se demande un peu qui ils sont. Ils auraient mérité d’être plus creusés, de recevoir plus de temps de jeu.

UN DESSINATEUR QUI DONNE DU SENS AU RECIT

Dimitri Armand a pu le dire en interview, c’est lui qui a découpé le scénario de Pierre Dubois. C’est à dire, pour ceux qui l’ignoreraient, qu’il a composé lui-même les pages de bd, à partir du récit global. Et il a fait un excellent travail à ce niveau là, qui mérite qu’on le mette en avant. Les combats sont très chorégraphiés, offrent de belles posent très iconiques, on se régale. Mais surtout, Dimitri Armand a mis un accent tout particulier sur le personnage secondaire de l’enfant, Jim, à qui il a offert un découpage très particuliers en certaines occasions marquantes. Une fois qu’on le sait, on y fait attention, et on savoure d’autant plus l’effort. Cela fonctionne, on comprend l’intention de l’auteur, alors autant le mettre à son crédit.

 

Sykes tient donc une place plus qu’honorable au sein de la longue histoire du Western en bande dessinée. Dimitri Armand a pris beaucoup de temps pour réaliser cet album, mais la maîtrise dont il fait preuve confirme vraiment qu’il devient un artiste auquel il faudra faire attention à l’avenir. La maîtrise est déjà là, la générosité tout autant. On ne peut que l’attendre désormais.

ET SI ON DONNE UNE NOTE?

17/20

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