Les cahiers japonais (Lundi One-Shot)

Les cahiers japonais

Titre: Les cahiers Japonais
Auteur: Igort
Editeur: Futuropolis
Date de publication: Octobre 2015

Moi, quand un auteur de bande dessinée franco-belge me propose un voyage au Japon, je fonce en courant. Aussi ne pouvais-je laisser passer cet album, qui plus est parce que j’avais été assez impressionné par les prestations artistiques des précédents titres signés par Igort. Si je ne les avais pas nécessairement totalement appréciées, je devais bien lui reconnaître un soucis de création des plus pertinent.

Igort, auteur italien de bande dessinée, a eu la chance de vivre quelques années au Japon, et même, suprême honneur, d’être publié par la Kodansha, une ENORME maison d’édition japonaise de mangas. Igort met en scène sa découverte du pays, de cette culture qu’il aimait avant, et qu’il aime toujours. Et il passe pour cela par la question du message visuel. Tous les arts y passent, toute la culture du Japon selon lui, passe par cette question.

CONTEMPLATION

N’attendez pas une histoire, il n’y en a pas. Pas au sens habituel où nous l’entendons. Si vous tenez à une histoire, disons, comme je l’ai posé précédemment, que c’est la vie de l’auteur au temps où il fût au Japon. Mais c’est tellement réducteur. C’est une promenade contemplative qui s’offre à nous, au sein de ce que le Japon a produit de plus intéressant pour donner du sens à un signifiant. Et pour nous offrir ce voyage, l’auteur ne craint aucune référence. Il convoque Hokkusaï et Basho, Taniguchi et Miyazaki, l’Empire des sens et la propagande de guerre. Et tant d’autres choses encore… Evidemment, il convient d’aborder cet ouvrage avec une solide connaissance de la culture japonaise. Mais pour qui la possède, la proposition est passionnante. On y parle création, rencontres, vie… On y montre les paradoxes d’un pays aux moeurs difficiles à saisir pour un occidental. Comme si la barrière de la langue n’était pas le seule barrière. Comme s’il y avait une barrière de l’esprit, de la compréhension, du signifié. Igort écrit ceci qui, à mon sens, est la meilleur des choses à dire à ce sujet: « Moi ça fait plus de vingt ans que je l’ai approché, ce lieu de l’âme [(le coeur du Japon)], et que je le fréquente assidûment. Ce qui n’empêche pas que son mystère se renouvelle continuellement. »

QUAND LE DESSIN ET LES OEUVRES D’ART S’ENTREMELENT

Igort est un artiste polymorphe. Qui a lu ses précédents albums en a bien conscience. Mais dans le cas présent, il insère tant d’images préexistantes dans sa démonstration, que je ne sais plus quand les œuvres sont de lui, et quand elles sont des grands maîtres qu’il invoque. Et pour tout vous dire, je m’en suis moqué éperdument. Au contraire, j’ai même aimé tout particulièrement cette fusion, cette forme de désorientation qu’il provoque en nous. Il intègre son dessin à la culture japonaise comme il aimerait que son âme s’intègre à celle du pays. Une forme d’accomplissement graphique, d’un mystère que son esprit, lui, ne peut encore percer complètement. C’est barré, sans nul doute. Mais c’est brillant, je vous l’assure.

 

Les cahiers japonais ne seront sans doute pas un des best-sellers de l’année en France. Mais ceux qui oseront franchir le pas, qui partageront avec l’auteur leur amour d’une culture sublime et étonnante, ceux-là vivront une très belle expérience. Une forme d’harmonie. Et ils chériront ce moment.

ET SI ON DONNE UNE NOTE?

18.75/20

Les cahiers japonais_ planche

7 réflexions sur “Les cahiers japonais (Lundi One-Shot)

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