Saga tome 1 (La BD du Mercredi)

Série: Saga
Tome: 1
Scénariste: Brian K. Vaughan
Dessinatrice: Fiona Staples
Editeur VO: Image Comics
Editeur VF: Urban Comics
Date de publication VF: Mars 2013

 

Urban Comics, le nouveau détenteur des droits du catalogue DC Comics ne se repose pas sur ses lauriers en se limitant aux œuvres efficaces et connues du grand éditeur américain. L’éditeur français chasse aussi au sein d’Image Comics afin de dégotter des titres différents et de qualité. C’est le cas pour cette nouvelle série qui nous est proposée, Saga, par le scénariste notamment, de Y le dernier homme.

Continent est la planète la plus grande de sa galaxie. En orbite, on trouve Couronne, la lune de Continent. Chaque astre accueille un peuple différent. Ceux de Continent portent des ailes, et son dirigés par une caste de rois robots. Ceux de Couronne portent des cornes et autres bois sur la tête. Mais les deux peuples sont entrés en guerre. Plutôt que de menacer leurs deux habitats, bien trop dépendants l’un de l’autre, ils ont porté la guerre à travers toute la galaxie. Alana est Continentale, Marko est Couronnien. Ils se sont trouvés et se sont aimés. Perdus sur une planète minable, ils mettent au monde leur enfant, symbole de l’union possible de leurs deux peuples. Mais le symbole est bien trop gênant pour les dirigeants des deux mondes qui veulent à la fois tuer les parents et mettre la main sur leur bébé.
Etonnant, cet album. C’est un grand n’importe quoi, et pourtant il y a quelque chose qui fonctionne, qui donne envie d’y revenir. Vaughan mélange la SF, la magie, la romance, la politique, il secoue très fort et nous livre cet ovni qui ne ressemble à rien d’autre. Le peuple de la planète Continent, par exemple: on a d’un côté des sortes de fées, les pouvoirs magiques en moins, et de l’autre une caste dirigeante constituée d’humanoïdes à têtes de robot. Face aux sortes de faunes de la lune Couronne, on est dans un sacré grand écart. Pourtant, on est prit par cette course poursuite, par ce couple et cet enfant et ce qu’ils représentent. On entre directement en empathie avec eux, on a envie qu’ils réussissent, que la petite s’en sorte. Et vu qu’elle fait la narratrice, on sait qu’elle va s’en sortir. Reste à savoir comment et en quel état. Et puis il y a tout ce que le scénariste rajoute, les fantômes de la planète Clivage, bien sales, mine de rien, ou Le Testament, cet intrigant mercenaire doté de quelques principes. Et puis il y a le vaisseau-arbre, là encore, rencontre improbable entre magie et technologie. Mais pourtant, je le redis, tout cela fonctionne. C’est un univers pareil à aucun autre que nous propose Brian K. Vaughan. Un univers qui nous capture et nous captive.
Fiona Staples, la dessinatrice, s’avère un excellent choix pour mettre en image ce scénario, même si je sais qu’elle ne satisfera pas tout le monde. Sur cette série, son dessin accentue l’attention sur les personnages, laissant les décors le plus souvent au stade d’impressions, d’ambiances qui naissent par la mise en couleur. Les amateurs de planches extrêmement fouillées en seront donc pour leurs frais. Mais ce choix graphique a du sens. Il suit, je pense, les choix du scénariste de mettre en avant les personnages par rapport aux lieux de l’intrigue. C’est cohérent, mais c’est un parti pris artistique, qui donc pourra déplaire.

Je n’attendais rien de cette lecture, j’en sors plutôt captivé. Il y a quelque chose dans cette série qui accroche, qui nous donne envie d’y revenir. Un désir de vie, peut-être, qui accompagne celui de cet enfant qu’on nous promet de voir grandir dans un monde qui le déteste. Une lueur d’optimisme qui vient nous toucher au cœur, sans doute.

 

16.75/20