Les gardiens du Louvre (La BD du Mercredi)

Les gardiens du Louvre

Titre: Les gardiens du Louvre
Auteur: Jiro Taniguchi
Editeur: Futuropolis/ Louvre Editions
Date de publication: Novembre 2014

Et oui, vous ne rêvez pas, aucun éditeur japonais pour cet ouvrage de Taniguchi. C’est une pure création française qui a été offerte au mangaka le plus apprécié des bédéphiles. Comme De Crécy ou Davodeau avant lui, il a été proposé au japonais de créer une histoire originale liée au musée du Louvre. Quelle touche de lui-même va-t-il nous proposer, quelle sensibilité va-t-il apporter? C’est tout l’objet de ce récit.

 

Un japonais est en visite à Paris, seul, un peu isolé dans cette grande ville à la culture si différente de la sienne. Il comptait prendre cinq journées pour visiter les grands musées parisiens, mais une terrible fièvre le cloue au lit. Quand il réussit enfin à s’extirper de sa chambre d’hôtel, il décide de se concentrer sur un seul musée, le Louvre. Mais la fièvre revient, et la visite du lieu se fait dans un état second, guidé par les esprits gardiens du musée.

 

Indéniablement, Jiro Taniguchi vient avec toute sa personnalité et sa propre culture, dans cet espace de jeu exploré par différents auteurs européens. Il convoque les esprits, les kamis d’une certaine façon. Ces gardiens du musée, essences des différentes œuvres qui s’y trouvent, sont à la fois complètement japonais (certaines croyances disent que chaque objet recèlerait un esprit, du caillou à la montagne), et surtout complètement taniguchien. Comment ne pas retrouver une coloration qui avait rendu Quartier lointain si sympathique? Cette touche de fantastique, qui offre une grande liberté à l’artiste/ auteur. Le personnage se trouve dans un état de conscience différent, et cela lui permet d’apprendre des choses, de vivre des expériences auxquelles il n’aurait pas eu accès autrement. Cela permet à Taniguchi de brosser à la fois l’histoire du musée et celle de ses oeuvres. De montrer comment les japonais perçoivent certains artistes européens, par exemple. Van Gogh, Corot… Je découvre ce dernier, pour ma part. On parle de la Joconde, évidemment. Et puis du musée. Son affluence monstre, ses parcours obligés (la Joconde justement), et sa confrontation directe avec la Grande Histoire, l’invasion nazie de la seconde guerre mondiale. Taniguchi, manifestement impressionné, raconte comment les œuvres furent tenues à l’écart de l’occupant, envoyées loin vers le sud de la France. Et comment l’un des organisateurs du déplacement faillit perdre la vie en ne voulant pas lâcher la Joconde (toujours elle) des yeux.
Une véritable redécouverte, avec la patte sensible et touchante du grand auteur.

Le dessin du maître mangaka fait la part belle, sur cet album, à la mise en couleur. Un procédé peu habituel pour lui, mais qu’il maîtrise pourtant parfaitement. Il offre des teintes nuancées, douces, vraiment agréables. Sur son trait délicat et fin, l’association est une évidence. On sent que l’artiste a travaillé différemment. Qu’il s’est investit dans cette commande. Le petit bémol, parce qu’il en faut bien un, sera sur les décors. Tant de grands bâtiments à mettre en scène, et une précision intrigante. Transfert de photo, ou reproduction à l’identique?

 

C’est donc un vrai plaisir de retrouver tout l’esprit de Jiro Taniguchi sur une œuvre qui demeure une véritable création. Le mangaka a essayé de faire quelques pas en direction de la France. De sa bande dessinée comme de son histoire ou de ses grands artistes. On ne peut que saluer une telle initiative. Surtout si plaisante.

Les gardiens du Louvre_ planche

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18/20

11 réflexions sur “Les gardiens du Louvre (La BD du Mercredi)

  1. J’aime beaucoup cette co-production avec le musée du Louvre, ici l’association est effectivement inédite. Je suis du coup très curieuse de découvrir cette BD !

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