L’espion de Staline (Samedi chronique)

l-espion-de-stalineTitre: L’espion de Staline
Auteure: Isabel Kreiz
Editeur : Casterman
Collection: Ecritures
Date de publication: 2010

Richard Sorge travaille auprès de l’ambassadeur d’Allemagne au Japon, dans les années 30. Alors que la guerre ravage l’Europe, l’Allemagne souhaiterait que le Japon attaque la Russie pour ouvrir un nouveau front. Mais surtout, Hitler compte attaquer par traîtrise son allié Russe. Hors, Sorge est avant tout un espion aux ordres de Staline. Cette information, pense-t-il, va être le coup de sa carrière, et va lui permettre de mettre à bas cette Allemagne Nazie qu’il exècre.

Voici une biographie allemande d’un personnage historique, l’espion qui avait annoncé à Staline l’attaque surprise d’Hitler. Si vous vous souvenez de vos cours d’histoire, il n’y aura guère de surprises, Staline n’y a pas cru. Ce qui est intéressant, c’est d’abord le personnage complètement atypique de Richard Sorge, un homme qu’on a du mal à imaginer en espion. On sait que James Bond est une caricature, et l’on pensait les agents secrets discrets et neutres. Celui-ci n’est rien de tout ça. Alcoolique, prétentieux, prompt à ouvrir sa bouche sur tous les sujets, il profite pleinement de l’éloignement avec Berlin, et de ses liens avec l’ambassadeur allemand, nazi peu convaincu. Un personnage insupportable, mais très intéressant à suivre. Moins intéressante, sa « partenaire » sur ce scénario, pianiste allemande en fuite à l’ambassade. C’est l’angle d’attaque de l’auteure, son fil rouge, son témoin, et je dirai que c’est sans doute une posture très féminine. Le personnage s’avère peu intéressant, et l’éditeur précise lui-même que la dite pianiste ne parlera guère de Sorge dans son autobiographie. Pas sûr, donc, que ça soit l’angle le plus pertinent, ou du moins, le plus enthousiasmant. A voir si des lectrices portent un regard différent sur ce choix scénaristique.
Cela porte tout de même un regard très intéressant sur un théâtre éloigné de nous, de la Seconde Guerre Mondiale. Les relations diplomatiques entre Allemagne et Japon sont bien retranscrites, et plus détaillées sans doute que ce que nous en apprenons en France. C’est encore très allemand-centré pour moi, et j’aurai préféré plus de choses sur le Japon, mais nous ne sommes pas sur une œuvre de fiction.

Pour qui aime la géopolitique, et l’histoire de la seconde guerre mondiale, voici un album très intéressant. Le dessin ne devrait pas rebuter les lecteurs, malgré le noir et blanc. Il est assez expressif, et bien détaillé.
L’espion de Staline est une œuvre intéressante, à défaut d’être totalement emballante.

 

Ils en ont parlé: Mo la fée, Culturopoing, Caro, Cecile’s blog.

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6 réflexions sur “L’espion de Staline (Samedi chronique)

  1. PG Luneau17/08/2011 05:03
    Tu écris : «Pour qui aime la géopolitique, et l’histoire de la seconde guerre mondiale…» Voilà donc deux excellentes raisons pour que je fuis ce livre, au dessin, ma foi, assez agréable!

  2. Caro18/08/2011 14:45
    Salut !
    J’ai trouvé cet album assez difficile à aborder, je m’y suis reprise à 2 fois pour le lire et le terminer (ce qui m’arrive rarement…), mais c’est un aspect historique assez méconnu, ce qui fait
    un peu le charme de l’album… Sinon, j’ai beaucoup aimé le dessin, très travaillé. Un bon album, pas indispensable, mais sympa quand même !

  3. Caro18/08/2011 17:47
    Dans mon souvenir, j’ai eu du mal avec le fil de l’histoire, entre le récit de la femme et l’histoire de Sorge. Et puis le contexte ne me paraissait pas clair. Voilà pourquoi je l’ai commencé une
    première fois, lâché ensuite, et repris quelques temps plus tard. Je pense qu’il faut être bien concentré pour suivre ce récit, ce n’est pas de la BD qu’on lit avec plein de bruit autour… ! ^^

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