Le château des étoiles n°1 (Mardi Chronique)

Série : Le château des étoiles
Numéro : 1
Titre : Le secret de l’éther
Auteur : Alex Alice
Co-dessinateur : Anthony Simon
Co-rédacteur : Alex Nikolavitch
Editeur : Rue de Sèvres
Date de publication : Mai 2014

 

Les nouvelles éditions Rue de Sèvres, qui ont commencé à publier de la bande dessinée il y a un an à peine, ont décidé de proposer un mode de diffusion différent pour leur nouvel album. Un retour aux sources, d’une certaine façon : la publication journal. Et ce n’est pas avec n’importe quel artiste qu’ils lancent cela. Rien de moins qu’Alex Alice, une des pointures de la bd actuelle. Allons feuilleter ensemble cette feuille de choux.

 

Claire Dulac est scientifique, aéronaute, aventurière. Dans cette France qui en termine avec l’Empire, cette femme est en quête d’un concept mystérieux et très ancien, l’éther. C’est à onze mille mètre d’altitude qu’elle réussira à faire la preuve de son existence, elle en est convaincue. Mais son mari et son fils n’approuvent pas du tout cette expédition, réalisée en solitaire dans une montgolfière. A raison. Claire ne reviendra jamais sur Terre. Un an après, une lettre arrive au domicile des Dulac. Un mystérieux informateur aurait retrouvé le carnet de notes de Claire. Rendez-vous est donné en Bavière, pour en savoir plus. Mais des puissants semblent surveiller l’avancée de ces recherches…

 

Six feuillets couleur, soit 24 pages, grand format, tel est donc le premier mode de diffusion choisi pour le château des étoiles. Une publication ultérieure en album semble prévue par l’éditeur. Grand retour en arrière. Dans les années 70 encore, les pages de bd étaient publiées dans des magazines, et la sortie en album n’avait rien d’une obligation. Une histoire complète publiée en kiosque pouvait très bien ne pas trouver le chemin des librairies. Dans le cas présent, avec Alex Alice aux commandes, il ne fait aucun doute que l’album suivra, mais cette tentative de toucher un public moins doté d’argent (2€95 le journal, trois numéros à acheter sur trois mois) me semble particulièrement intéressante. Je regrette de ne pas être en lien avec l’attachée de presse de Rue de Sèvres, pour mieux comprendre les raisons qui ont motivé ce choix, mais en tous cas, moi, j’apprécie, c’est un format de lecture très agréable.
L’éditorial étant commenté, passons au contenu. Alex Alice propose un album à priori tourné jeunesse, adolescents, dans une très belle ambiance légèrement steampunk. L’éther que cherche Claire Dulac existerait réellement, et on peut donc s’attendre à découvrir une uchronie toute particulière au fil de l’album. Le récit est très efficace, bien mené. Le rythme est bon, les péripéties variées. Et les deux héros, père et fils, forment dès le début un duo très attachant, avec chacun leur façon de gérer leur peine et leur deuil.

Graphiquement, Alex Alice n’en fini pas d’innover. On est encore un peu plus loin que ses dessins de Siegfried. Un dessin qui oscillerait entre le cartoony et une touche de manga. Les traits de construction des dessins, en rouge, n’ont pas été dissimulés par l’encrage et la mise en couleur. C’est particulier mais ça se marrie très bien dans l’ensemble.

 

Un auteur solide, de jolies promesses scénaristiques ET graphiques, il y a de fortes chances que le nouvel Alice soit un carton. Ses 24 premières pages sont en tous cas très réussies. Lisez donc les trois numéros !