Série : Blue Note
Tome : 1
Scénaristes : Matthieu Mariolle, Mikaël Bourgouin
Dessinateur : Mikaël Bourgoin
Editeur : Dargaud
Date de publication : Septembre 2013
Lorsque l’on essaye de suivre les sorties BD, parfois, on passe à côté de petites pépites. La faute à pas de chance, un petit manque d’attention. Blue Note, je l’avais vu passé chez quelques copains, avec des avis assez positifs. Mais la couverture n’était pas assez convaincante pour moi, alors j’ai laissé passé. Et puis cet été, j’ai trouvé l’album en bibliothèque, je me suis souvenue des bonnes chroniques, et ai décidé de partir en vacances avec. Qu’est-ce que j’ai bien fait…
Jack Doyle était un grand boxeur avant, un qui a fait la une des journaux. Mais lorsqu’il a eu un doute sur un de ses combats, qu’il s’est mis à penser que son adversaire s’était couché pour de l’argent, il a tout plaqué. Adieu la grande ville, la Prohibition, les clubs, la gloire. Il est parti retrouver l’essence même du combat, dans des patelins minables, pour quelques billets verts. Mais la ville l’a rattrapé, par l’entremise de son ancien manager. Qui vient avec une proposition que Jack ne peut refuser. Un combat contre celui qui s’était couché. Un bon moyen pour Jack de vérifier ses compétences face à celui qui les avait mis en doute. Mais la Prohibition prendra fin sous moins d’un mois, et les gangsters mettent au point leurs dernières affaires. Méfiance Jack, tu reviens plonger la tête dans la merde !
Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par parler du dessin. Pour la deuxième fois en un mois, je me prends une belle claque dans la tête. Ce fût le travail de Nicolas Pétrimaux, c’est désormais celui de Mikaël Bourgouin. L’artiste revendique les inspirations de Toppi, de Breccia, dans son travail, et il peut se permettre de faire référence à de tels maîtres du dessin. Il y a une maîtrise impressionnante dans le trait de Bourgouin. Un sens du détail assez incroyable et une perception du juste nombre de coups de crayons nécessaires pour donner du relief ou créer une ambiance. Je suis bluffé. Il se permet même quelques scènes un peu oniriques, dans ce dessin très réaliste, et ça fonctionne tout autant. La maîtrise des ombres, des clairs-obscurs, donne une force incroyable aux scènes qui utilisent cette technique. Non, vraiment, il n’y a rien à jeter dans le dessin de cet artiste. Des décors de fond de page à la mise en couleur, tout est réussi, tout se renforce pour offrir un dessin solide et immersif.
Bon, ceci étant dit, parlons de l’intrigue elle-même. Je serai à peine moins élogieux.
Première qualité, transposer des scènes connues, les gangsters de la prohibition, les clubs de jazz, à une époque tournant, auquel on ne pense que trop rarement. La Prohibition américaine a eu une fin, comment s’est-elle déroulée alors que le business d’un paquet de truand tombait à l’eau ? Bourgouin et Mariolle nous offrent le voyage. Vous apprécierez les nombreux retournements de situation. Du début à la fin de cette première partie, on est surpris. Les choses se passent rarement comme on l’imaginerait. Pourtant, les auteurs placent régulièrement des mises en garde, dans le récit. Mais on tombe quand même dans le piège. Les changements de rapports de force sont particulièrement bien mis en lumière. J’ai hâte de voir comme va se faire le passage à la liberté de vente d’alcool. Je ne doute pas que les scénaristes nous réservent de belles surprises pour la suite.
J’attends pour le tome 2 un lien plus fort encore avec la musique, le jazz, les groupes, mais en dehors de cela, je suis totalement conquis par cet album. Avec la découverte d’un dessinateur que je vais suivre avec la plus grande attention.
Mikaël Bourgouin en interview chez Un amour de Bd
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