Les meilleurs ennemis- Une histoire des relations entre les Etats-unis et le Moyen-Orient Deuxième partie 1953/1984 (Vendredi Chronique)

Les meilleurs ennemis tome 2

Série: Les meilleurs ennemis- Une histoire des relations entre les Etats-unis et le Moyen-Orient

Tome: 2

Titre: 1953/1984

Scénariste: Jean-Pierre Filiu

Dessinateur: David B.

Editeur: Futuropolis

Date de publication: Mars 2014

 

J’ai découvert Jean-Pierre Filiu sur son précédent album sorti aux éditions Futuropolis, le Printemps des Arabes. Ayant apprécié le caractère didactique de ce scénariste, j’ai donc renoncé à mon grand axiome de ne pas chroniquer les tomes 2 sans avoir traité les 1 d’abord, et je me suis procuré son nouvel opus. Qui m’a au final… un peu déçu.

 

Dans les années 50, le Moyen-Orient est avant tout le théâtre de l’affrontement Est-Ouest entre USA et URSS. Les deux pays placent leurs pions, usent de leur influence, pour essayer de l’emporter symboliquement sur l’adversaire. Un affrontement dont les conséquences résonnent encore à travers toute la région.

 

Je vous l’ai dit en introduction, cet ouvrage m’a un peu déçu au final, parce que je fais la comparaison avec Le Printemps des Arabes. Cet ouvrage m’avait paru d’une très grande clarté, alors même qu’il ne se privait pas d’aborder des pays plus nébuleux comme le Yemen. Dans cet ouvrage-ci, alors que ne sont traités que des pays importants, je ne retrouve pas cette même compréhension. J’ai le sentiment après lecture, d’un traitement qui reste trop en surface des évènements. Comme si bloqué par une considération de nombre de pages, Filiu s’était retrouvé bloqué. Il me semble qu’il aurait fallu le double de planches pour permettre de rendre clair tous les liens importants de la géopolitique locale. L’Histoire passe, page après page, mais comme si une actualité chassait l’autre. J’avais envie de lire un livre universitaire, je me retrouve à lire un reportage de BFM TV. Je grossis le trait, et m’en excuse auprès du scénariste, mais j’essaye de mettre en évidence ce qui a pu me chagriner dans son travail.

Ce lien qui me manque, est peut-être du aussi aux choix graphiques de David B. Entendons-nous bien, cet artiste livre là des cases impressionnantes, dont la charge symbolique est énorme et demandera sans doute plusieurs lectures pour être absorbée. Mais je vous parle de cases, et non pas de planches, et c’est là qu’est mon problème. Pour moi, on arrive à une limite de l’art séquentiel qu’est la bd. Scott McCloud, dans l’Art invisible, décrit bien se processus d’enchaînement de cases sans lien entre elles. Donc indéniablement, on est dans le media bd. Mais il me semble qu’en procédant ainsi, on perd la notion de lien commun, et que cela pêche sur cet album. Ce scénario qui passe trop vite, est illustré par des images qui elles aussi, passent trop rapidement. Alors certes, il y a parfois des enchaînements de cases plus classiques, mais trop peu à mon goût, trop peu pour la façon dont moi, je conçois la bande dessinée. Mais cela reste ma conception des choses, d’autres sont tout à fait acceptables.

 

Mais donc, je ne conseillerai pas cet album comme ouvrage de vulgarisation géopolitique sur le Moyen-Orient. Il y a du fond, il y a un grand artiste au dessin, c’est vrai, mais je pense qu’un livre pourra traiter plus longuement, plus en profondeur, sur plus de pages, des liens trop sommairement expliqués dans le cas présent. Vous aurez une bonne vision globale de la situation en lisant ce livre, mais à mon sens, pas réellement une vision fine.

Dans tous les cas, c’est un album à réserver aux initiés.

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