Mauvais genre (La BD du Mercredi)

Mauvais genre

Titre : Mauvais genre

Auteure : Chloé Cruchaudet

Editeur : Delcourt

Collection : Mirage

Date de publication : Septembre 2013

D’après l’œuvre de Fabrice Virgili et Danièle Voldman

 

Il y a des ouvrages que l’on ne peut pas rater, lorsque l’on prétend  suivre l’actualité BD, et Mauvais genre est de ceux-là. Je suis quelque peu en retard, mais j’ai du attendre que les bibliothèques rennaises se procurent l’ouvrage, puis qu’il soit disponible. Il faut dire qu’après avoir été primé à Quai des Bulles, puis primé par l’Association des Critiques de Bande Dessinée, ce livre a été fort demandé.

Paul Grappe a épousé Louise juste avant de partir faire son service militaire. Manque de chance pour lui, c’est aussi  ce moment que la guerre de 1914 contre l’Allemagne a éclaté. Sur le front, Paul vit des évènements horribles. Il se mutile pour quitter les combats et rester à l’abri à l’hôpital. Mais la manœuvre a ses limites et lorsqu’on lui annonce qu’il repart en première ligne, Paul déserte et rejoint Louise à Paris. Mais plutôt que de rester enfermé à attendre la fin de la guerre, Paul décide de se grimer en femme. Désormais, il sera Suzanne. Une décision qui aura de lourdes conséquences sur son couple et sur sa vie en général.

Chloé Cruchaudet livre une réflexion sur le genre et l’identité sexuelle qui tomber fort à propos en cette année de mariage pour tous. Paul Grappe a réellement existé, il a réellement été Suzanne.  Et il a réellement apprécié devenir une femme. Genre et Sexe se retrouvent dissociés. Bien qu’équipé d’un pénis, Paul s’épanouissait en femme. Ceci dit, au-delà de la réflexion sur le genre, il me semble que cet ouvrage interroge aussi sur la consommation comme idéal de vie. Paul/ Suzanne ne cherche-t-il pas à renoncer à ses responsabilités de mâle pour endosser une certaine vision de la femme, celle de l’être volage et dépensier ? Ne cherchait-il pas surtout à consommer ? De l’alcool, des loisirs, du plaisir, du sexe ? Complètement traumatisé par la barbarie de la guerre, Paul ne joue-t-il pas à être une femme ? Confronté à la cruauté de la vie, il semble se couper de la réalité, plus qu’il ne s’assumerait en tant que femme. Un sentiment renforcé par son alcoolisme, addiction qui laisse à penser qu’il fuit là aussi la réalité.  La question qui se pose pour ce cas précis, c’est à mon avis de savoir si Paul Grappe était réellement homosexuel et transgenre, ou s’il était surtout en souffrance psychique telle qu’il avait besoin de fuir la réalité, sa réalité d’homme.  C’est n’est évidemment pas le cas de tous les hommes qui se découvrent homosexuels ou femme, mais dans ce cas là, il me semble que l’auteure laisse planer le doute, qu’elle ne répond pas à la question. Quitte à avoir des icônes de l’homosexualité, je préfère que ce soit des personnes qui assument leur orientation sexuelle pour des raisons positives. Pour Paul Grappe, j’ai des doutes.

Sinon, j’ai bien aimé le dessin de Chloé Cruchaudet, un peu froid. Elle utilise beaucoup le blanc pour donner de la lumière à ses cases (en dehors du front). Même le bois de Boulogne de nuit, paraît lumineux avec elle. Son trait est très souple, très dynamique. Il y a des ouvrages où je l’ai moins apprécié.

Mauvais Genre fait donc assurément partie des bons crus de cette production 2013, même s’il n’est pas pour moi le meilleur album de l’année. Sans doute parce que le sujet n’est pas venu me toucher autant que d’autres albums. Je me suis senti impliqué, mais je trouve qu’il est trop difficile sur ce personnage là, de faire une généralisation, de tirer des leçons plus globales. Pour ma part, en tous cas, je n’en ferai pas une icône du mouvement gay.

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9 réflexions sur “Mauvais genre (La BD du Mercredi)

  1. J’ai adoré ! Je ne pense pas que cet album revendique quoi que ce soit… C’est une histoire dingue, la preuve que la réalité dépasse souvent la fiction, un matériau dont Chloé Cruchaudet a su s’emparer avec brio !

  2. Album offert à mon chéri (mais je vais aussi en profiter pour le lire !), donc j’ai lu ton avis en diagonale, pour ne pas être influencée…

  3. Je lis ton avis en diagonale, c’est que je compte le lire ce soir ou demain ! Je reviendrai ici plus tard. Je vois quand même que tu as aimé toi aussi !

  4. Pingback: Mauvais genre | Les lectures de Caro

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