Titre: Ceux qui me restent
Scénariste: Damien Marie
Dessinateur: Laurent Bonneau
Editeur: Bamboo
Collection: Grand Angle
Date de publication: Août 2014
Attention, chers lecteurs, je me mouille : vous lisez la chronique d’un album qui pour moi est LE titre qu’il faut lire en cette rentrée BD. C’est la petite merveille de cette fin d’été. Non, je n’ai pas tout lu encore, et je ne lirai pas tout, mais la qualité de cet album est telle que je ne me pose même pas la question. Pour battre ce roman graphique, il faudra faire TRES TRES fort.
Florent Vastel est jeune. Il a épousé une jolie anglaise, rencontrée pendant des vacances. Le coup de foudre, le grand amour. Mais la vie n’est pas tendre avec lui. Il n’a que 39 ans quand Jenny meurt. Le laissant seul avec leur fille de 5 ans, Lily. Jenny est enterrée en Angleterre. Mais lors du voyage de retour Florent perd de vue Lily sur le pont du ferry. Il panique, la cherche, ne parvient pas à la retrouver? Mais est-ce bien ainsi que cela s’est passé?
Je relis cet album pour préparer la chronique, et dès les premières pages, je me sens bien dans cette histoire. Dès les premières pages, le duo d’auteurs nous touche au plus profond. Il nous enveloppe, nous plonge dans leur univers. Quelques pages suffisent…
Vais-je vous révéler le pot aux roses? Il va bien falloir. En même temps, c’est dans la présentation de l’éditeur. Mais le découpage est fait de telle façon, avec un sens extrêmement réfléchi pour la moindre case, que c’en est presque dommage.
Ceux qui me restent est un voyage en Alzheimer. Mais littéralement. Damien Marie, le scénariste, nous proposent une immersion dans le mental d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, une maladie qui désoriente celui qui en est victime, lui fait oublier ses souvenirs récents pour ne plus se focaliser que sur quelques évènements clés de son passé. Sans plus reconnaître ses proches. Vous n’aurez sans doute jamais un aussi bon aperçu de ce qu’est cette maladie que dans cet album. Mon épouse, qui travaille depuis fort longtemps à l’accompagnement de la personne âgée Alzheimer, qui forme des personnels sur ces questions, est garante de cet avis. Son avis de soignante est formel. Le mien, de « conscientisé », l’est tout autant. Florent est un personnage tragique et émouvant, dont le destin résonne d’une triste normalité. Tout sonne extrêmement juste. Les réactions de Florent autant que sa désorientation; l’évolution de sa fille Aurélie, quand elle s’autorise à écouter; jusqu’aux positionnements de soignants et leur infantilisation du vieux dément. Il n’y a rien de technique, dans cette histoire. Ce ne sont que des ressentis, des points de vue, une émotion. Une émotion qui nous prend des premières à la dernière page, comme je vous le disais.
Par contre, la technique, il y en a un sacré paquet dans la mise en scène de cette histoire. Le découpage est encore plus important que pour tout histoire, puisqu’il vise à mettre en scène l’évolution du vieux Florent dans ses souvenirs détricotés par la maladie. Le voyage est visible, parce que parfaitement maîtrisé case à case. Je ne sais pas comment les deux auteurs ont travaillé pour aboutir à un tel résultat. Mais le travail de Laurent Bonneau, pour ce qui est juste du dessin, est impressionnant. Monsieur, nous nous rencontrerons à St Malo si votre présence à Quai des Bulles se confirme, soyez-en sûr. Quelle claque graphique… Le dessin est tout en flous assumés, en trait supposément peu assurés mais parfaitement logiques. Il y a de l’émotion, dans ce dessin. Comme si l’artiste avait travaillé sous l’influence directe des ressentis des personnages. Une pure connexion entre le scénario et le dessin qui se voit très peu dans un duo d’auteurs. C’est plus souvent le fruit d’un auteur complet qui transmet sa vision complète de l’histoire sur le papier. Le fait qu’il y ait eu collaboration pour arriver à ce niveau de maîtrise et de réflexion… C’est tout bonnement impressionnant. Un trait fin et appuyé a un sens, dans cette histoire. Un simple passage de fusain, dans un simple mouvement, en a tout autant. Je ne suis pas très doué pour décortiquer les dessins. Il y aurait sans doute encore plus à dire… Comme il y aurait beaucoup à dire sur les choix de mise en couleur. Moi qui déteste en franco-belge classique, les aplats de couleur uniformes en guise de décor, parce qu’ils n’ont aucun sens, je suis totalement satisfait. Même ces aplats là, par leur répétition, par leur intensité, ont du sens. J’ai pour ma part un peu de mal à en dire plus sur le simple pdf que m’a remis l’éditeur, mais je vais courir acheter l’album dès sa sortie pour visualiser ce message pictural que nous offre l’artiste. Tout à un sens, absolument tout. Mais quelle maîtrise, mais quelle maîtrise…
Si avec tout ça, je ne vous ai pas convaincu d’aller acheter ce livre, et ce livre tout particulièrement en cette rentrée littéraire, alors je peux arrêter mon blog. Emotion, réflexion, tout le monde y trouvera quelque chose pour lui. Les hommes comme les femmes. On est sur une histoire universelle, réalisée avec le plus grand talent. Une véritable expérience littéraire à ne pas rater.
LA BLOGOSPHERE EN PARLE
19.25/20
Eh ben, toutes ces louanges donnent envie ! ça fera partie de mes prochains achats … d’autant que ma mère souffrait de ce genre de perte de mémoire il y a encore quelques jours.
Ca c’est du coup de coeur !
Oui hein? Mais pour des raisons de qualités techniques ^^
Si en plus tu es sensible à ces questions, personnellement, je ne vois pas comment tu pourrais passer à travers ^^
Convaincue je suis 🙂
Tu peux continuer…
Conquise et convaincue, je vais le garder précieusement en tête en espérant qu’il apparaisse à la médiathèque 🙂
Oh punaise !!! je veux ça !!!
C’est en librairie et le scénariste me dit que l’album est en plus physiquement bien foutu
N’hésites pas à le demander, je pense qu’il peut intéresser un très large public
J’ai vu ta chronique ce matin, je suis allée en librairie ensuite, j’ai suivi aveuglément ton avis et je me suis offert l’album….!
Effectivement, joli objet, plus épais que je n’aurais pensé, et bonne qualité de papier. Encore une BD de plus sur ma pile !!
(PS : si ça me plaît pas, tu rembourses ?? ^^)
Il va falloir attendre un moment j’imagine pour qu’il arrive chez nous mais c’est bon, tu peux continuer ton blog, j’ai noté aussi 🙂
Si ça ne te plaît pas, pense au nombre d’albums que je te fais gagner depuis deux ans :op
Mais non, ça va te plaire, je n’en doute pas. J’ai hâte de connaître ton sentiment de lecture.
Et merci pour ta confiance ^^
Merci ^^
c’est noté!!
Eh oui !! ^^
J’ai quand même lu ton article, donc je ne doute pas que ça va me plaire !!
Bon là tu viens de faire battre mon petit coeur fragile. Je me suis arrêtée aux premiers mots pour conserver toute la saveur de cette BD. Inutile de te dire qu’elle est noté, surlignée, encadrée !!!
J’en suis très heureux
Excellent, je dois te raconter une petite histoire !
Hier soir je crois que tu as posté un statut Facebook en disant que tu publierais ce matin THE titre de la rentrée. Mon inconscient note le truc dans un coin de ma tête…
Ce soir je lis cette MERVEILLEUSE BD, et là je me suis souvenue de ton post et j’ai eu l’intuition que c’était d’elle que tu parlais. Non, en fait j’en étais même sûre. Et j’me suis pas plantée. C’est effectivement LA BD de la rentrée (et peut être de l’année en ce qui me concerne) je suis d’accord !
Oh la la! Je t’ai rarement connu aussi élogieux! Il me faut absolument lire cet album maintenant! J’adore les coups de cœur comme ça!
Je le gardais bien au chaud pour la bd du Mercredi. C’est un livre qui mérite une exposition maximale. ^^
J’adore! ^^ Et je suis ravi de ne pas être le seul à penser autant de bien de cet album.
Pour le meilleur album de l’année, celui-ci entre en en concurrence avec Hérakles tome 2, d’Edouard Cour. Dans un style différent ^^
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Excellent album !!! J’aime beaucoup ce que fait Damien Marie, mais celui-ci est probablement son meilleur…
Tu vas le chroniquer?
Yep, faut que je trouve le temps 🙂
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