Atar Gull ou la destin d’un esclave moderne (Mardi chronique)

Atar-Gull

Titre: Atar Gull ou la destin d’un esclave moderne
Scénariste: Fabien Nury
Dessinateur: Brüno
Editeur: Dargaud
Date de publication: Octobre 2001

 

Atar Gull aurait pu être roi, mais il n’est plus qu’esclave. La tribu ennemi de la sienne l’a fait prisonnier, et suprême insulte, ne l’a pas tué mais livré aux marchands de bois d’ébène venus d’Europe. Après un voyage à haut risque, il est vendu à un planteur à la Jamaïque. Un homme de bien, qui refuse de maltraiter ses esclaves plus que de raison. Mais de si charitables pensées ne peuvent rien face au désir de vengeance.

Une histoire de vengeance assouvie, voilà un thème fait pour moi. Fabien Nury s’attaque à l’histoire de l’esclavagisme, et il ne le fait pas dans la tendresse. Il prend volontairement comme antagoniste à Atar Gull un homme bien. Un homme éclairé par rapport à la moyenne de ses semblables. Tom Will n’est pas un bourreau, du moins ne se voit vraiment pas comme tel. Nury se fait un plaisir de rappeler que quiconque met un homme en esclavage  n’est plus un homme de bien, même avec toutes les bonnes intentions du monde. Ambiance très sombre, pour cette histoire. Son héros ne pleure pas, de même qu’il ne reculera devant aucun sacrifice pour parvenir à ses fins, la ruine morale et même totale de son propriétaire. Toute la force de cette histoire tient dans sa fin, que Nury fait la moins explicative possible. On termine sur Atar Gull en pleurs, mais le personnage ne dit rien. Se sent-il vide, privé du sens de sa vie? Se sent-il coupable? On ne saura pas pourquoi l’esclave renonce à la promesse qu’il avait faite de ne jamais pleurer, et c’est tant mieux. Libre à chacun d’expliquer la fin comme il le souhaite. Pour ma part, je retiens la notion de vide. Entendons-nous, je ne suis pas un adepte du pardon, je n’ai aucun problème avec l’idée de vengeance. Mais le besoin de vengeance ne doit pas être total, car une fois assouvi, il ne reste plus que le vide d’une vie qu’on a construit dans un seul but. La vengeance est un rêve qui peut parfois advenir. Si l’on n’a plus de rêves, on n’a plus de raisons de vivre.
Brüno, le dessinateur, ne fait pas partie de mes artistes préférés, mais je dois reconnaître qu’il s’avère un choix très pertinent pour l’histoire proposée par Fabien Nury. Son trait est sombre, très marqué dans les formes, avec une certaine dureté, qui convient parfaitement au cadre et au propos de cet album. Son côté un peu cartoony, tout de même, permet aussi de tempérer la violence du propos, et sans doute d’établir une distance salutaire pour le lecteur. Bref, un dessin idéal pour cette histoire, il n’est pas vain de le dire.

Enfin, une histoire qui met en valeur l’idée de vengeance, j’aime ça. Le duo d’auteurs fonctionne très bien, et livre une histoire forte et prenante. Une des grandes réussites de l’année 2011, indéniablement.

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