Souvenirs de l’Empire de l’Atome (La BD du Mercredi)

Titre : Souvenirs de l’Empire de l’Atome
Scénariste : Thierry Smolderen
Dessinateur : Alexandre Clérisse
Editeur : Dargaud
Date de publication : Février 2013

 

Depuis sa sortie, ils ont été quelques uns à vanter les mérites de cet album. Je n’avais jamais pris la peine de faire attention aux différentes chroniques, refroidi par quelques pages glanées ci ou là, qui m’avaient donné la sensation d’un ouvrage peu accessible. Mais récemment, j’ai eu l’opportunité de l’emprunter en bibliothèque, et j’ai décidé de lui laisser sa chance. J’ai donc découvert un album…. Etrange.

Paul avait été un brillant analyste au service des USA pendant la seconde guerre mondiale. Ses capacités lui ont permis de poursuivre une carrière dans le renseignement, mais peu à peu, ses rapports deviennent de moindre qualité. Une rapide enquête est menée et d’étranges documents codés sont trouvés dans ses affaires. Ses supérieurs ne tardent pas à le confronter à leurs découvertes, ce qui amène Paul à leur confier son secret : depuis qu’il est enfant, il communique avec un Empire galactique du futur.

Etrange histoire de science-fiction, où le doute plane en permanence sur la véracité des évènements décrits. Chose rare, le scénariste, Thierry Smolderen, ne fait pas l’effort de démêler pour nous ses intrigues. Un pari étonnant mais réussi, tant on se retrouve captivé par l’aventure de Paul, désireux que tout cela soit parfaitement vrai. La grande force de Smolderen, c’est de déstructurer sa narration, pour croiser les époques et les lieux. Il veut nous perdre et s’y emploie fort bien. Cet artifice complique naturellement le déroulé de l’intrigue dont l’étrangeté se retrouve renforcée. Paul communique-t-il vraiment avec le futur ? Est-il le seul à pouvoir le faire, alors que l’histoire semble indiquer que d’autres auteurs de Science-Fiction aient pu recevoir des souvenirs en provenance de ce futur ? Il n’y a aucune réponse évidente dans ces pages. Et donc, malgré cette complexité, on se retrouve complètement captivé par cette aventure. Un peu comme Paul et les autres, on se sent presque manipulé, hypnotisé. C’est une expérience assez incroyable, qui traduit la grande qualité de l’écriture de Smolderen.
J’apprécie beaucoup le travail d’Alexandre Clérisse, qui accompagne le scénario. Il adopte un style très design, très années 50 américaines, qui est parfaitement adapté. C’est l’époque des soucoupes volantes, d’un très fort bouillonnement intellectuel et scientifique. L’innovation fonctionne à plein régime. Et Clérisse réussi le tour de force de nous retranscrire cette atmosphère dans ses pages, par ses choix graphiques. Son trait en apparence très simple est d’une redoutable efficacité, et est parfaitement soutenu par une lise en couleur extrêmement travaillée. Dessin et couleur son en harmonie, c’est toujours gage d’une grande réussite.

Je craignais un peu sans savoir pourquoi cette expérience de lecture, maintenant je sais ce dont j’avais peur. D’être captivé. Et c’est le cas. Mais je suis frustré, car j’aimerai en lire encore plus, découvrir de nouvelles aventures. Pitié, messieurs Smolderen et Clérisse….

18/20