La Mondaine tome 1 (Vendredi Chronique)

Série : La mondaine

Tome : 1

Scénariste : Benoît Zidrou

Dessinateur : Jordi Lafebre

Editeur : Dargaud

Date de publication : Février 2014

Un nouveau Zidrou, comment passer à côté ? Le scénariste a le vent en poupe, ces derniers temps, sur la blogosphère. Et je dois dire que je participe fort volontiers à ce souffle, tant j’ai été séduit par ses différents travaux. Alors si en plus il est accompagné par Jordi Lafebre………., je ne pouvais décemment pas rater cet album.

Aimé Louzeau, jeune inspecteur de la criminelle, a décidé de passer à la Mondaine. La brigade des mœurs. Qui, en cette veille de Seconde Guerre Mondiale, ne chôme pas. Entre répression de la prostitution et espionnage intérieur, il y a de quoi faire. On s’encanaille en haut lieu comme dans les recoins les plus miséreux. Louzeau va découvrir ce nouvel univers, qui ne tardera pas à influencer sur sa personnalité de jeune célibataire.

Zidrou est un scénariste étonnant. Sous couvert de polar à l’ancienne, ambiance post brigades du tigre, il nous propose de multiples petits clin d’œil et autre piques sur la société française de l’époque. Il nous parle de mariage des prêtres, de la bien-pensance bigote, du traitement des fous  et de tant d’autres choses. J’ai envie de dire que la mondaine en elle-même n’est qu’un prétexte. Il n’y a pas réellement de grosse enquête à suivre, c’est surtout un tableau des mœurs français des années 30, là où comme il fait dire à ses personnages, ça sent le fond de bidet. S’il n’est pas facile de voir exactement où le scénariste veut nous emmener, je dois dire que je m’en moque bien, tant le voyage est riche et intéressant. Pour la destination, on verra dans le tome 2 du diptyque. On imagine qu’il y a encore des choses à dires sur l’occupation allemande, mais ça, on le verra par la suite. Pour mettre en scène ce tableau, Zidrou s’appuie sur une jolie galerie de personnages représentant bien leur époque. Mais qui sont tous écrits en nuances de gris, à l’image de Louzeau le héros, dont l’histoire personnelle, vous verrez, n’est pas piquée des hannetons. Son sens aigüe des dialogues appuie formidablement bien ces caractères. Les répliques flirtent avec le Audiard, on ne peut que s’en réjouir.

Mais il y a aussi le dessin de Jordi Lafèbre, qui évolue ma foi de fort belle façon. Il développe un trait sans doute encore plus rond, sur cette histoire. Plus que lors de son précédent album…. On retrouve un peu de Sylvain Vallée (le dessinateur d’Il était une fois en France), ce qui confirme que les traits ronds conviennent bien à cette période. Sans doute adoucissent-ils les difficultés de l’époque.

Bon, on peut attendre le tome 2, maintenant. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir une mauvaise surprise avec ce premier tome très complet, très dense, mais jamais barbant. A l’aide de personnages forts amènes, Zidrou nous transporte de bout en bout dans les rues de Paris et nous lance de nombreuses questions qui peuvent avoir des résonances toutes actuelles.

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17/20