Les derniers jours d’un immortel (La BD du Mercredi)

Les derniers jours d'un immortel

Titre : Les derniers jours d’un immortel

Scénariste : Fabien Vehlmann

Dessinateur : Gwen de Bonneval

Editeur : Futuropolis

Date de publication : Mars 2010

Je poursuis sur ma lancée avec Futuropolis. Je continue de découvrir un peu au hasard leurs anciens albums. Si le dessin me parle, je me lance. Et qui vivra verra. De toute façon, je n’ai pas souvent été déçu, alors la prise de risque est faible…

Elijah est un sage de la police philosophique. Un poste éminent dans l’Union, cette organisation intergalactique. Elijah est un homme doué, capable de résoudre des conflits épineux, d’amadouer les espèces les moins compréhensibles, ou de trouver la vérité dans des affaires de meurtres nébuleuses. L’Union fait grandement appel à lui, mais Elijah, comme tout le monde, a ses échos pour faire tout le travail qui est attendu de lui. Il ne craint pas de se faire copier, mais il reste prudent, évite de multiplier les clones, car la réunion des esprits et des corps sacrifie trop de souvenirs qu’il n’est pas prêt à perdre. Pourtant, un affaire de la plus haute importance va lui être confiée, éviter la guerre entre deux espèces d’une même planète, qui ne peuvent communiquer entre elles.

Ce n’est pas souvent que l’on nous propose une science-fiction comme celle-ci. La plupart du temps, les auteurs de sf nous proposent une version futuriste de notre monde, mais qui demeure bien trop ancrée dans nos schémas de pensées. Je ne jette pas la pierre, je trouve largement mon compte dans de telles œuvres, mais ce n’est pas là ce qu’on peut faire de mieux en matière de science-fiction. Non, pour atteindre ce niveau, il faut imaginer l’inimaginable, d’autres formes de vie totalement étrangères à ce que nous connaissons nous humains, des sociétés qui ne ressemblent à aucune autre. C’est à mon sens ce qui faisait l’intérêt des séries Star Trek à la télé, c’est ce qui fait le grand intérêt de cet album là.

Quel fantastique imagination développée dans ces pages… Fabien Vehlman ose tout réinventer. Une organisation politique, des civilisations, une façon différente de vivre son humanité, même. Ce dernier point est d’ailleurs un concept d’une richesse folle : l’humain devient immortel dès lors qu’il peut se cloner à volonté immédiatement, et se réintégrer à sa guise pour acquérir les expériences de ses doubles et les faire siennes. Et si j’adore cette idée,  j’aime encore plus l’inconvénient que le scénariste a adjoint à sa fantastique invention : à la fusion, des souvenirs parmi les plus anciens disparaissent, comme si notre mémoire était trop limitée pour absorber sans conséquences une deuxième vie mémorielle. C’est excellent, car cela pose une vrai question sur les limites de cette immortalité, que le personnage principal, Elijah, explore d’ailleurs dans ces pages.  Et puis il y a les différentes civilisations extra-terrestres, géniales par le décalage dans lequel elles se trouvent vis-à-vis de notre culture humaine. Les Bru’gahiens, par exemple, qui ouvrent cet album : Leur physique puissant les rends mortellement dangereux pour les humains : s’ils voulaient nous prouver leur estime, ils nous écraseraient littéralement. Difficile de se comprendre et de vivre ensemble, dans ces conditions. Mais Fabien Vehlmann explore là encore cette difficulté, et la nuance tout au long des pages de l’histoire.  Le dépaysement est total, on est dans le futur, sans nul doute.

Mais si le scénario est juste brillant (soyons modérés dans nos propos), il faut bien dire qu’il s’accompagne d’un dessin particulièrement réfléchi, pour lequel le dessinateur Gwen de Bonneval s’est plongé dans le même état d’esprit que son scénariste. Là encore, pourquoi un extra-terrestre devrait visuellement ressembler à une créature terrestre ? Pourquoi est-ce que des mondes devraient êtres forcément inadapté à l’homme, et sans vie ? Le dessinateur développe une identité visuelle très forte pour cet univers, jouant tantôt avec la sobriété, et tantôt avec la folie. On sent à chaque page la réflexion, la créativité, la complémentarité entre les deux composantes de la bande dessinée.

Brillant, grandiose, passionnant. Je n’ai que des qualificatifs forts pour parler de cet album. Ne vous fiez pas à sa couverture simple, l’intérieur est d’une richesse fantastique. Et en plus, cette œuvre ne vous prends jamais de haut, ne cherche jamais à vous perdre dans des concepts abscons. C’est novateur, c’est imaginatif, et c’est accessible.

Pour ma part, je n’en demande pas plus. C’est tout ce que je veux que ce média que j’aime puisse me proposer.

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9 réflexions sur “Les derniers jours d’un immortel (La BD du Mercredi)

  1. Un 19 chez toi, c’est assez rare pour être souligné !! Je crois avoir croisé pas mal de fois cette couverture, du moins elle me parle. Par ailleurs, je suis souvent déçue par la SF en BD, du moins je passe souvent à côté… Je suis tout de même tentée de te faire une confiance aveugle sur ce coup ci ! 😉

  2. Merci de ta confiance. Tu vas voir, là, on a une sf très introspective, très tournée sur la compréhension de l’autre. Ce n’est pas du space-opera, ou du robot destructeur.

  3. Le community Manager de Futuro me disait que c’était un album dont les retours sont vraiment très bons, dans l’ensemble. Donc à priori, je ne suis pas le seul à trouver ça très bien, gage de qualité ^^

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