Série: Bonneval Pacha
Tome: 1
Titre: L’insoumis
Scénariste: Gwen de Bonneval
Dessinateur: Hugues Micol
Editeur: Dargaud
Date de publication: Mars 2012
Lorsque j’ai cherché un album à chroniquer pour accompagner l’interview de Gwen de Bonneval, je me suis souvenu qu’il venait de sortir une série, dont je ne me souvenais plus le nom. Dans le moteur de recherche des bibliothèques de Rennes, j’ai donc rentré « Bonneval Pacha ». Le nom du scénariste, le terme dont je me souvenais dans la série, je me disais que ça le ferait. Et alors j’ai réalisé que je m’étais bien souvenu du nom de la série. Un auteur qui publie une série à son nom, classe, me suis-je dis alors…
Bonneval Pacha, général influent de la cour Ottomane au 18e siècle. Cet homme était fort estimé, ayant fait preuve d’un passé militaire glorieux quoique tourmenté. Ce français, désormais converti à l’islam, arrive à la fin de sa vie. Il profite de son plus grand temps libre pour raconter l’histoire de sa vie, celle qu’il n’a pas l’intention d’écrire, mais que d’autres, à la même époque, avaient déjà romancé pour lui. Né messire Claude Alexandre de Bonneval, fils cadet d’un Comte de Haute-Vienne, il aurait dû devenir Evêque. Mais son incapacité à respecter l’ordre établi l’en empêchera. Au lieu de cela, il combattra dès l’âge de treize ans dans la marine de Louis XIV. Mais le temps ne guérit pas sa tendance à l’insoumission…
Gwen de Bonneval a donc mis en scène l’histoire de son aïeul, et il faut bien reconnaître qu’il y a de quoi raconter. Que voilà un personnage atypique pour son époque. Monté très haut, ayant accomplit de hauts faits, il a pourtant « trahi » deux rois. Ce n’est pas rien. Le personnage méritait donc bien d’être mis à l’honneur, d’autant qu’il reste sommes toute un français connu en Turquie aujourd’hui.
De Bonneval adopte une narration un peu passive, au sens où le Pacha raconte sa vie, qui nous est illustrée par le dessinateur, mais il le rend aussi plus acteur suivant les passages, trouvant un juste équilibre entre les temps plus statiques, et ceux plus dynamiques. Mais surtout, si l’on ne s’ennuie jamais, c’est parce que les textes du scénariste son particulièrement savoureux. Il possède un ton, un style, qui nous tient en haleine. Usant du ton de la confidence, employé par son personnage, il se livre à de nombreux commentaires triviaux qui s’avèrent fort réjouissant. C’est une vrai force, qui accompagne bien les épisodes hauts en couleur de la vie du personnage.
Gwen de Bonneval n’assure pas le dessin, alors qu’il est lui-même dessinateur. Il laisse les crayons à Hugues Micol, pour l’occasion. Celui-ci propose un trait légèrement grossier, un dessin qui ne prétend pas à reproduire parfaitement la réalité, mais qui s’autorise un peu de caricature sur les personnages. Les décors sont bien détaillés et témoignent du talent de l’artiste, à livrer des planches vraiment détaillées. A noter, sa façon de mettre en couleur les planches, que je n’arrive pas vraiment à identifier, mais qui propose des couleurs riches en texture, en nuances. La couleur apporte une dimension supplémentaire au dessin. Il serait inconcevable de s’en passer, le dessin paraîtrait nu.
Les amateurs de récits historiques devraient donc trouver leur bonheur dans cette série et cet album, qui mettent en lumière l’époque de Louis XIV, sous un spectre qui se détache de Versailles pour s’intéresser aussi à ce qui se passait à l’époque sur le terrain. Les « petites mains » qui permirent au Roi Soleil de briller au firmament européen. Un pan d’Histoire je crois toujours trop mal connu. Un héros français atypique, dont il tarde de connaître l’intégralité du parcours.
LA BLOGOSPHERE EN PARLE
16.75/20
Les Chroniques de l'invisible 