Christophe Cazenove est à Bamboo ce que Raoul Cauvin est à Dupuis: leur meilleur dealer de gags. Avec Tizombi, le « jeune » vient marcher sur les terres de « l’ancien », l’humour macabre. Mais dans une version totalement remise au goût du jour.
Tizombi tome 1: le Pierre Tombal des années 2010
Margotik en a marre de ses parents qui passent leur temps à se hurler dessus. Elle décide donc de fuguer et de s’installer dan un cimetière pour écrire des poèmes. Mais elle ne savait pas que l’endroit était occupé par des zombies désireux de la boulotter. Heureusement le plus jeune Tizombi, aimerait bien qu’on écrive des poèmes sur lui. Alors Margotik peut rester sans être dévorée. Mais ce n’est pas parce qu’on est mort qu’on a une vie de tout repos.
On fait les présentations?
Alors, d’abord, on a donc Margotik, ado gothique et bien de sa personne, fuyant des parents en dispute permanente.
On a Tizombi, le premier zombi à être né zombie sans avori été mordu. Toujours affamé et avec un bel égo.
Fatal, en un ou deux mots, c’est le glouton de la bande, les gros bras et le petit cerveau.
Tékat, c’est LA nana à la mode… Rien de tel qu’un petit collier de vertèbres cervicales pour être fashion.
Et puis il y a Tribiade, le vieux sage qu’a plus de calotte cranienne… ça diminue un peu sa sagesse…
Cazenove fait dans le macabre contemporain
J’ai passé un très agréable moment avec Tizombi. Attention, album jeunesse certes mais que je ne conseille pas avant la fin de primaire début collège. Ça reste quand même des gens qui se font bouffer vivant, ça demande une sensibilité un peu solide, déjà.
Mais sinon, Christophe Cazenove réussit son pari de dépoussiérer l’humour macabre. La référence à Pierre Tombal est incontournable. Il y a d’ailleurs un ou deux gimmick communs, genre les morts capables de communiquer entre eux sous le sol.
Mais au delà de ça, le scénariste arrive à insuffler au concept une telle modernité. Il utilise les ingrédients en vogue pour venir apporter un regard tout neuf sur le genre.
Ca passé par des références pop-culture notamment, le zombie est à la mode grâce à Walking dead qui se retrouve pastiché dans ce premier tome. Influence assumée. Mais ce n’est pas une série dérivée prétexte. Il y a chez le scénariste la volonté de parler de relations humaines. J’espère qu’il développera peu à peu la question initiale des parents de Margotik, famille décomposée plus encore que les zombies eux-mêmes. Le parallèle,est excellent c’est un sillon à creuser.
La modernité du dessin de William
Ce souffle « So 2017 », il passé aussi par le dessin de William que je découvre pour l’occasion.
Il n’adopte pas tellement un trait « humoristique« . C’est quoi un trait humoristique? Je m’explique.
Souvent, le gag en planche privilégie l’énergie de l’intention au détriment de la complexité du dessin. Marc Hardy sur Pierre Tombal en est un bon exemple. Le trait est lâché, sans chercher la précision.
William ne se situe pas dans cette veine là. On est dans un dessin plus poussé, un trait plus un rondeur. On verrait très bien le dessinateur œuvrer sur une histoire longue avec ce style là. À la fois réaliste et très attachant. Il est formidablement soutenu par la mise en couleur d’Elodie Jacquemoire, qui réalise des effets créant une vraie bd grand spectacle. Ses ambiances sont totalement immersions et accompagnent cette volonté du dessinateur de ne pas être dans une caricature déformante.
Vous prendrez bien une tranche d’humour?
Sale gosse, geek, gothique, Tizombi tome 1 vient réveiller l’humour macabre passablement endormi ces derniers temps.
Faites vous plaisir et passez un moment en compagnie de ces sympathique zombies.
Promis, ils ne vous mordront pas… Enfin, pas tout de suite…
ET SI ON DONNE UNE NOTE?
16.5/20
Série : Tizombi
Tome: 1
Titre: Toujours affamé
Scenariste: Christophe Cazenove
Dessinateur: William
Coloriste: Élodie Jacquemoire
Editeur: Bamboo
Date de publication: Mai 2017
Tizombie chroniqué chez Une case en plus.