Maggy Garrisson tome 1, par Trondheim et Oiry: Méfiez-vous de la secrétaire du Privé
Le polar, c’est rarement un genre qui me botte. Mais parfois, je suis obligé de sortir de ma zone de confort, et je tombe sur de petites pépites. Celle-ci m’a été proposé par un bibliothécaire rennais et je regrette d’être passé à côté.
Du polar décalé, drôle et piquant comme une bonne comédie anglaise, ça ne se refuse pas!
Détective Privé, c’est un métier?
Maggy Garrisson vient de trouver un job, le premier depuis deux ans. Un piston un peu moisi mais qui vaut mieux que rien. Secrétaire pour un détective privé. Sauf que pour son premier jour, elle tombe sur le patron complètement bourré dans son bureau.
Un piston vraiment moisi. Mais elle n’a rien de mieux, alors elle va s’accrocher. Parce qu’en fait, comme détective, il y a de l’argent à se faire et que ce n’est pas son patron qui va ramener quelque billet que ce soit. Maggy va donc mener l’enquête à sa place.
Maggy Garrisson: le petit pas de décalage qui fait du bien
Un polar Maggy Garrisson? Sans nul doute, mais surtout, un histoire drôle et bien menée.
Pour ma part, c’est ce qui m’a convaincu, à la lecture de cet album. Le décalage des situations, avec cette femme qui n’a rien d’une « Privé » mais qui compense par le caractère; le décalage des répliques qui tombent très souvent juste. C’est écrit avec talent et on se réjouit régulièrement des remarques acerbes des différents personnages.
L’image du détective privé prend une grande claque, mais elle prend surtout une grosse dose de modernisme. Garrisson est une femme qui ne s’excuse pas de l’être et qui ne s’excuse pas non plus de prendre la place d’un homme.
C’est un nouveau visage, une nouvelle façon d’appréhender ce genre. Personne ne roule des mécaniques.
Et pourtant, Trondheim nous propose tout ce qu’on attend d’un polar, du crime, des truands, des flics véreux. Mais le souffle de la nouveauté est passé sur tout ça.
Stéphane Oiry, la face « noire » de Dupuis
Nulle insulte dans ce titre, mais bien l’idée de placer le dessinateur Stéphane Oiry dans une double influence.
Son trait, d’abord, lui donne une forme d’évidence à être publié chez Dupuis. Ou du moins, je trouverai sans mal son dessin dans le Journal de Spirou, aux côté d’un Duhamel, d’un Gazzoti, d’un Philippe Tome… Autant d’artistes qui pour moi forment aujourd’hui l’ADN moderne de Dupuis. Stéphane Oiry est donc à sa place. Semi-réaliste avec une légère pointe de cartoony.
Et en même temps, il est parfait pour ce polar comédie sociale anglaise atypique. Le trait est parfois un peu plus acéré, les noirs sont travaillés avec intelligence pour ne pas alourdir les pages tout en leur donnant densité et atmosphère.
Le mariage des deux univers est très réussi.
Maggy Garrisson, une série à suivre
Après un premier tome aussi sympathique, j’ai hâte de trouver les deux albums déjà sortis. Que de retard, de ma part… Mais je vais avoir le plaisir de retrouver ces personnages rapidement. Attention, Lewis Trondheim, je vous attend de pied ferme maintenant.
Série: Maggy Garrisson
Tome: 1
Titre: Fais un sourire, Maggy
Scénariste: Lewis Trondheim
Dessinateur: Stéphane Oiry
Editeur: Dupuis
Date de publication: Mars 2014
Et si on donne une note
17/20
Je ne connaissais pas, mais ta chronique donne envie d’y remédier. Hâte de découvrir Maggy 🙂
Merci, j’espère que les tomes suivant nous donneront raison d’avoir envie de découvrir plus encore ce personnage.