Elfes tome 16, par Istin et Duarte: Mais pourquoi la méchante est-elle si méchante?
Clap de fin pour Elfes? Alors que la confrontation finale entre Lah’saa la nécromancienne et les forces coalisées est venue, Soleil annonce en 4e de couverture un dix-septième album.
Donc, ça continue. Prenons donc peut-être cet album comme une fin de cycle, parce qu’il clôt bien une histoire, celle de Lah’saa.
Comment tuer une créature qui change son âme de corps?
Lah’saa et sa horde de goule ont pris le chemin de Slurce, la citadelle des dangereux elfes noirs, depuis laquelle elle est censée dominer le monde. Les assassins choisissent de plier genoux sans combattre face à la horde, de sorte à s’assurer le temps nécessaire pour parvenir à la tuer. Car dans le même temps, Humains, Elfes bleus et blancs et Nains ont pris la mer pour mener le siège de la citadelle. Lah’saa ne les craint pas. Pourtant, parmi eux, se cache un être que la nécromancienne a détesté toute sa vie.
Elfes tome 16: prophétie et libre-arbitre
68 pages pour ce nouveau chapitre de la saga Elfes, croyez-moi que Jean-Luc Istin, le scénariste, n’a pas fait le travail à moitié. Son histoire est tellement dense qu’on a la sensation d’en avoir lu plus encore. Dit autrement, on a le sentiment d’en avoir pour son argent, les séries concept de Soleil sont tout sauf une escroquerie.
On en vient donc à connaître l’histoire de Lah’saa et le motif de ses actes. Disons que je ne m’attendais pas du tout à une « conclusion » de ce type là. Istin nous montre sa grande méchante sous un angle tout à fait différent qui nous fait forcément changer un peu de point de vue sur le personnage. Elle acquière une dimension tragique. L’auteur en fait la victime d’une gigantesque manipulation et je dois dire qu’on entre plutôt en empathie avec elle, à la fin de la saga. Son combat intérieur avec l’esprit de Lanawyn dont elle occupe le corps offre une belle occasion pour Istin de nous dévoiler l’histoire du personnage tout en poursuivant l’intrigue principale. C’est bien pensé, ça ne nuit pas au rythme des autres segments du scénario.
Et donc, toute la question va être de savoir si Lah’saa est réellement responsable de ce qu’elle est devenue ou si le fait qu’elle ait été l’objet d’une mystification l’innocente en partie. Pour ma part, je trouve que le personnage est un peu trop facilement libéré de ses responsabilités à sa fin, surtout vu l’ampleur de ses massacres qui ne sauraient êtres justifiés par les éléments qu’elle avance. Mais ce sera à chacun de se faire son opinion.
Kyko Duarte, un artiste pas toujours égal à lui-même
Disons-le d’abord, on passe un sympathique moment de lecture avec le travail de Kyko Duarte. N’allons pas lui nier ça.
Maintenant, en lecteur aguerri, je ne peux pas ne pas noter certaines cases, au fil de l’album, manifestement moins réussies que les autres. Il offrent de très belles scènes d’action, des postures badass pour ses héros, mais parfois, on sent le trait moins bien fini. Les auteurs évoquent en début d’album des difficultés pour sortir ce tome 16, il serait intéressant de savoir si ces inégalités de dessin sont liées à elles.
Mais malgré tout, je le redis, il y a du travail, c’est manifeste. 68 planches, ça demande des efforts, surtout pour un dessin réaliste tel que le sien.
Gros efforts aussi sans doute pour son coloriste,qui a de très nombreux effets et de très nombreuses ambiances à produire, il n’a pas du s’ennuyer, Héban.
Elfes, Stop ou Encore?
Ceux qui voudront s’arrêter pour passer à autre chose auront tout à fait intérêt à le faire sur cet album, qui clôt clairement l’intrigue de Lah’saa, même s’il laisse sans nul doute des intrigues inachevées.
Pour ma part, je serai curieux. Je veux voir comment le scénariste prévoit de continuer son récit, quel twist il a pu prévoir pour justifier que cela ne se termine pas ainsi. M’est avis qu’un certain bébé à venir pourrait prendre cette place…
ET SI ON DONNE UNE NOTE?
16.5/20
Série: Elfes
Tome: 16
Titre: Rouge comme la lave
Scénariste: Jean-Luc Istin
Dessinateur: Kyko Duarte
Coloriste: Heban
Editeur: Soleil
Date de publication: Février 2017
Jean-Luc Istin en quelques titres