Les petites marées Rose: des formes différentes de l’amour maternel
Deuxième adaptation pour l’oeuvre de Séverine Vidal. Après Mona, dont je vous avais dit le plus grand bien à sa sortie, voici donc Rose, sorti en octobre dernier. On conserve le même format, le même univers lié à la mer et surtout le même sujet d’étude, l’adolescent, ce jeune adulte en devenir. Et pour la seconde fois, nous avons un très bel album à faire découvrir au plus grand nombre.
On choisit pas ses parents, mais peut-être sa famille…
Rose a quinze ans, elle est au lycée. Elle sort avec Tristan, une belle histoire toute simple, sans prise de tête, évidente. Ce qui lui fait du bien, vu qu’à la maison, la simplicité, c’est pas ça. Pas de père, mais une mère malade. Son esprit s’évapore, elle est inconséquente. Et un jour, elle ne reconnaîtra plus Rose. Alors quand Tristan et ses amis partent pour un long voyage en bateau, Rose ne sait pas quoi faire. Protéger sa mère, ou vivre sa vie?
Séverine Vidal, une écriture toute en finesse
Décidément, découvrir le travail de Séverine Vidal en bande dessinée s’avère un vrai plaisir, à chaque lecture.
Sa grande force, c’est sans doute sa capacité à donner de la sincérité et de la véracité à ses histoires. Cette famille atypique autour de Rose, on pourrait s’imaginer la connaître.
Les personnages ont des réactions qui ne sont pas nécessairement attendues, mais qui viennent justement donner de la crédibilité à l’intrigue. On n’a pas le sentiment que l’auteure éprouve le besoin d’appliquer des recettes d’écriture. Elle ne s’oblige pas à résoudre toutes les situations et à les mettre en scène. Par exemple, s’il y a un triangle amoureux en jeu dans l’histoire, il prend fin sans que Vidal ne s’appesantisse dessus. Tout paraît naturel.
Même le personnage de la mère, pourtant outrancier, mais à dessein puisqu’elle est atteinte d’une maladie mentale. Même ce côté « too much » résonne juste. Surtout, il n’est jamais prévisible, comme le reste de l’album. Quand on découvre comment le personnage a agit et pourquoi, là encore, on trouve la juste tonalité.
Ce qui amène donc à une très belle réflexion sur ce qu’est la famille, comment elle se construit, comment on peut la choisir. Evidemment, l’auteure ne s’arrête pas à la définition basique, « un papa une maman, un enfant ». C’est une famille atypique qui se constitue, moderne. Mais une famille qui propose tout autant de l’amour, de la solidarité, du cadre. Une très belle leçon, dans une France pas toujours très tolérante sur ces questions là.
Une simplicité du trait, pour accompagner la finesse d’écriture
Je ne connaissais pas le travail de Victor L. Pinel, mais comme celui de Mathieu Bertrand pour Mona, je trouve que l’éditeur a fait un excellent choix.
Pinel n’a pas un trait démonstratif, qui va vous en mettre plein la vue. Il a une technique solide, sans fausses notes, qu’il va baser sur la simplicité du trait. Il travaille ses décors, pas de reproches à lui faire, mais ses personnages s’expriment en quelque trait. Il ne surcharge jamais ses cases. C’est très agréable, parce que cela apporte une belle lisibilité.
A noter qu’il fait évoluer légèrement ce style pour aborder des séquences flashback, qu’il passe en plus du bleu et blanc, vers le noir et blanc, ce qui propose un excellent rythme au sein de l’album.
Il y a une évidence qui fait du bien. Comme si le dessinateur était juste le bon choix, pour la bonne histoire.
Les petites marées, une belle série
Avec ce nouvel opus, Les enfants Rouges montrent une fois de plus qu’ils ont eu raison de faire confiance à Séverine Vidal et à son oeuvre.
Rose est un livre qui pourra plaire à un très large public, jeune comme adulte, qui aura envie de réfléchir à ce que peut signifier la famille aujourd’hui et l’amour familial.
C’est un livre qui fait du bien, il serait dommage d’en rater la lecture.
ET SI ON DONNE UNE NOTE?
17/20
Série: Les petites marées
Tome: 2
Titre: Rose
Scénariste: Séverine Vidal
Dessinateur: Victor L. Pinel
Editeur: Les enfants rouges
Date de publication: Octobre 2016
Nombre de pages: 84
D’après l’oeuvre de Séverine Vidal
D’autres petits éditeurs de bande dessinée
Merci Yaneck pour ta belle chronique:)