Big Bang Saïgon, Maxime Péroz, Hugue Barthe, La Boîte à Bulles

big-bang-saigon

Big Bang Saïgon: La recherche du passé est une recherche de soi

La Boîte à Bulles est un éditeur coutumier dans le fait de nous livrer de belles tranches de vie dans ses albums. Big Bang Saïgon fait partie des bonnes surprises de ce début d’année 2017 en nous proposant un récit à la fois introspectif et érotique, au coeur d’une histoire familiale.

Maxime ne voulait pas être un Tanguy…

Maxime a 25 ans. Il a fait les Beaux-Arts, mais sa carrière de dessinateur ne décolle pas. Il se sent de trop chez ses parents, mal à l’aise. Alors il profite d’un vieux secret de famille pour mettre les voiles. Son grand-père, militaire ayant servi au Vietnam, a laissé derrière lui une femme et un enfant, dont sa famille ne sait rien. Maxime décide d’économiser et de se rendre sur place, pour faire des recherches tout en alimentant un projet de bande dessinée. Le voyage va prendre une tournure beaucoup plus personnelle encore quand il va faire la rencontre d’une institutrice japonaise, Akiko.

Big Bang Saïgon: de l’intime sans voyeurisme

Cet album est une plongée dans l’intimité de Maxime Péroz. Je suis même très étonné qu’il ait réussi à faire dessiner un récit qui parle de lui, de ses failles et de son histoire d’amour. Habituellement, ce sont surtout des auteurs complets qui proposent des histoires de ce genre. Mais je suis ravi de voir qu’une rencontre scénariste-dessinateur puisse se faire sur un tel présupposé.

Parlons d’abord du côté érotique de l’album. On suit donc l’histoire d’amour entre Maxime et Akiko, largement basée sur le sexe, qu’ils soient ensemble à Saïgon ou à distance, via internet. Ces scènes rythment l’histoire, mais avec une grande justesse. On n’a jamais la sensation qu’elles soient placées artificiellement dans le récit. Quand elles arrivent, on partagent un moment de très grande intimité avec les personnages, moments au fort pouvoir stimulant, puis on passe à autre chose. Il y a quelque chose de naturel, qui sonne juste, dans ces insertions.

Maintenant, pour ma part, ce n’est pas ce qui m’a le plus intéressé dans l’album, même si ces moments sont très plaisants.
Moi ce qui m’a plu, c’est la façon dont le personnage, perdu, va se trouver en cherchant à percer les mystères de sa famille. La résolution n’est pas l’intérêt. Comme souvent, le chemin est plus intéressant que la destination en elle-même. Le jeune homme est perdu et d’une certaine façon, il faudra attendre les dernières pages pour qu’il se retrouve, même si cela se fait dans la douleur pour lui. D’une certaine façon, il va devenir adulte. C’est à dire qu’il va vivre ses expériences et apprendre à les assumer. Malgré l’aspect de parenthèse enchantée de son séjour à Saïgon, il va quand même vivre des erreurs qui vont lui permettre de repartir de l’avant.

Même si la conclusion ne le dit pas aussi directement, pour moi, à la fin Maxime a compris de nombreuses choses sur lui-même. Grâce à cet oncle fantôme, grâce à Akiko, cette femme qui l’aura fait grandir.

Hugue Barthe, un artiste en progression

Vous n’êtes pas forcément nombreux à avoir lu du Hugue Barthe, si c’est le cas je vous invite à découvrir un de ses précédents albums, Dans la peau d’un jeune homo.
Dix ans ont passé et le dessinateur en a profité pour sérieusement monter en compétence. S’il a poursuivi dans sa voie, à savoir un dessin semi-réaliste, qui va autant dessiner avec précision les décors qu’il simplifie les visages, il a gagné en expérience. Son trait est beaucoup plus maîtrisé. Désormais, on sent que derrière la simplicité se cache en fait un soucis de l’épure, qui le fait réfléchir à l’économie de traits qu’il peut faire pour conserver le plus d’expressivité possible.

De même, j’ai beaucoup aimé son utilisation de la couleur, nuances de jaunes pour l’histoire avec Akiko, nuances de bleu pour les retours en France. On perçoit bien les différentes temporalité du récit. De même qu’il utilise du pur noir et blanc pour les moments clés, les ruptures.

A noter, de nombreux dessins de Maxime Péroz qui émanent le récit, façon carnet de voyage, qui viennent donner encore plus de véracité au récit.

Big Bang Saïgon: quand l’émotion est belle

Maxime Péroz et Hugue Barthe livrent donc, ensemble, un récit extrêmement touchant, qui mêle à la fois un bel élan de vie et d’amour et un fond de tristesse qui vient illustrer le passage de l’adolescence à l’âge adulte. On ressort ému mais souriant, en se disant que décidément, on vient de faire une bien belle lecture.

Titre: Big Bang Saïgon
Scénariste: Maxime Péroz
Dessinateurs: Hugue Barthe, Maxime Péroz
Editeur: La Boîte à Bulles
Date de publication: Janvier 2017
Nombre de pages: 160
Prix: 25€

ET SI ON DONNE UNE NOTE?

17.5/20

big-bang-saigon_-planche

Les Bandes Dessinées de La Boîte à Bulles

Bénigno- mémoires d'un guerillero du Checouverture-Coralie.inddLoulou ne veut pas grandir

 

 

 

 

Les européens et les japonais

Les cahiers japonaisJaponManabe-shima

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s