Last hero Inuyashiki: la violence de la société japonaise
Toujours à la recherche de nouvelles séries manga à découvrir, mes pas me mènent régulièrement vers les Editions Ki-Oon en France. Last hero Inuyashiki fait une belle promesse. Elle propose une critique piquante de la société japonaise, sur fond de science fiction mêlant aliens et robotique. Que penser de ce tome 1? Réponse tout de suite.
Vieux, moche, mais humain?
Inuyashiki n’a pas encore 60 ans mais il en fait déjà dix ou quinze de plus. Modeste travailleur, complètement engagé pour payer une maison à sa famille, il est méprisé par sa femme et ses enfants. Quand un Medecin lui annonce qu’il a un cancer et trois mois à vivre, il ne sait même pas s’il va leur dire. Pourtant, seul et abandonné dans un parc, un événement tombé du ciel changé sa vie à jamais. Faire de lui un homme nouveau. Mais plus un humain. Alors, que va-t-il faire de cette nouvelle vie?
Inuyashiki: Caricatural ou pas?
Je dois dire que ce manga me laisse une sensation étrange. Je n’arrive pas à dire si je l’ai réellement apprécié.
Mon premier frein, c’est la famille du personnage principal. Je trouve vraiment quelle manque de crédibilité. Ou dit autrement, que ce personnage travailleur soumis et méprisé de tous surtout de sa brochette familiale, manque de réalisme. Je n’arrive pas à voir cette famille fonctionner. On nous pose des réactions extrêmes de la femme et des enfants, sans jamais nous les justifier réellement. Comme s’il fallait prendre pour acquis qu’ils soient détestables. Par essence, pourrait-on dire. Vraiment, c’est une facilité scénaristique qui ne me convainc pas. Je vois l’utilité technique, ne pas surcharger l’intrigue, démarrer en force et placer rapidement l’élément alien. Mais cela gêne mon empathie pour les personnages.
Et puis, j’ai une crainte. Deux personnages ont été transformés dont un qu’on ne voit que peu sur ce premier tome. Un jeune, beau respecté. Tout le contraire d’Inuyashiki. Je crains le double parallèle un peu grossier entre les deux personnages. Deux points de vue radicalement opposés sur cette même situation. On peut faire dans le grossier.
Mais alors c’est nul ce manga?
Je ne peux pas être aussi catégorique. Il a du potentiel ce bouquin.
Parce qu’en effet, il vient questionner l’individualisme forcené développé dans cette société qui pourtant ne connaît que le groupe. Venir interroger ce paradoxe a beaucoup de possibilités à offrir dans un récit. Si Inuyashiki se fait « Social Warrior », combattant pour les plus faibles, il y a vraiment moyen de taper sur toutes les failles de la société japonaise. Un principe qui intéressera autant les japonais que nous autres européens.
Et puis je dois le reconnaître, je fais beaucoup de procès d’intentions à ce tome 1. Ladyboy vs Yakuzas m’avait fait un effet similaire en son temps et je m’étais trompé. Je préfère ne pas insulter l’avenir cette fois-ci. Oui il y a quelques faiblesses mais elles peuvent très bien disparaître quand on aura passé ce premier tome très introductif et qu’on sera rentré dans le vif du sujet.
Hiroya Oku, un dessinateur à découvrir
Indéniablement, je vais rester attentif au dessin de Hiroya Oku. Ce n’est pas chez lui qu’il faut chercher les grands effets de style permanent propre au manga. C’est un artiste plus en maîtrise, plus en retenu. On le sent s’éclater sur les pages extrêmement technologiques. C’est un vrai plus pour cette histoire qui va venir questionner le rapport entre humanité et machine.
Il ne se prive pas de quelques morceaux de bravoure plein d’émotions, cela ne gâche rien.
Maintenant, je prendrai avec plaisir vos sentiments sur ce livre. Vous qui avez lu la suite, suis-je en train de me planter en étant suspicieux?
Série : Last hero Inuyashiki
Tome: 1
Auteur: Hiroya Oku
Éditeur VO : Kodansha Ltd
Éditeur VF : Ki-oon
Date de publication VF : Septembre 2015