Titre: Yakuza Moon
Scénariste: Sean Michael Wilson
Dessinatrice: Michiru Morikawa
Editeur VO: Kodansha International
Editeur VF: Graph Zeppelin
Date de publication VF: 4e trimestre 2015
D’après l’oeuvre de Shoko Tendo
Evidemment, trouver une bande dessinée commençant par Y, ça a tout d’une gageure. Jusque là, j’avais quelques chroniques à peines recensées à cette lettre. Donc quand je suis tombé sur ce manga dont les dessins me convenaient plutôt, comme ça, en feuilletant, autant vous dire que je ne me suis pas fait prier. Je l’ai emprunté à la bibliothèque où j’étais. Et coup de chance, je n’aurai pas eu à chercher plus, ce livre m’a beaucoup plu.
Shoko Tendo est fille de Yakuza. Mais à voir son père rentrer toutes les nuits au bras d’une prostituée, saoul, frappant sa mère, c’était sans doute bien pire que ses activités professionnelles. Shoko a grandi trop vite, de travers. Dès le collège elle est devenue délinquante, puis elle a connu la drogue, les mecs minables… Pourtant Shoko a réussi à remonter la pente pour devenir une femme assumée, autonome, racontant son histoire.
UNE HISTOIRE QUI VOUS ECRASE LE COEUR
Yazuka Moon est à déconseillé aux personnes les plus sensibles. Aux enfants, évidemment, à cause des scènes de sexe bien présentes et assez explicite. Mais aux adultes aussi, pour qui aurait du mal avec les situations où tout part en vrille. La vie de Shoko Tendo a été pendant des années une suite de mauvaises décisions, conjuguées à des vécus traumatisants dont elle n’était pas responsable. Viols, violences, drogues, fausses couches à répétition… Il faut s’accrocher pour suivre cette jeune femme.
Mais si vous vous êtes fait violence, ou si vous êtes juste prêt à patienter un peu sous les coups de l’histoire, il y a une belle personnalité à découvrir. Car l’héroïne de cette histoire a réussi à aller de l’avant, à surmonter certains de ses traumatismes. Ce qui rend la conclusion, quoi que triste, bien plus légère et facile à surmonter. Le coeur du propos, finalement, ce sont ses relations à son père, comment une petite fille fragile, placée dans une situation déviante (être fille de Yakuza n’a rien d’une sinécure au Japon, visiblement, du moins pour ceux qui ne sont pas trop haut placés), va se perdre dans la quête de ce père. C’est très fort, c’est poignant. C’est un beau témoignage, cru, sans fard, mais empreint de vérité.
UN DESSIN TOUT EN DOUCEUR
La mangaka Michiru Morikawa, dont je lis le premier ouvrage, me semble un excellent choix, pour mettre en image une telle histoire. Je trouve son dessin très apaisant. Son trait est vraiment souple, doux. Il vient apaiser les personnages, apporte une certaine distance vraiment profitable vu les situations difficiles qui sont mises en scènes. Son dessin n’est pas parfait, il demande encore à murir, il a le potentiel pour s’affiner, mais pourtant, je ne ressens aucun désagrément à sa lecture. C’est extrêmement positif.
Découverte inattendue, mais superbe histoire. Au moins pour cet album-ci, je ne regrette pas de m’être lancé dans ce petit challenge alphabétique. J’espère que d’autres pourront trouver ce livre pour partager leurs ressentis avec moi.
ET SI ON DONNE UNE NOTE?
17.5/20