Titre : Etunwan: Celui-qui-regarde
Auteur : Thierry Murat
Editeur : Futuropolis
Date de publication : Juin 2016
Depuis que j’ai découvert Thierry Murat avec Au vent Mauvais, je ne manque aucun de ses albums. Son dessin unique est chaque fois une grande source d’émerveillement. Ses albums sont de véritables appels au voyage. Celui-ci ne fait en rien exception.
Joseph est photographe à Pittsburgh. Et en cette année 1867, le voilà parti vers l’ouest sauvage pour une expédition scientifique. Dans les grandes plaines, il va découvrir un peuple dont il ne va plus pouvoir se défaire. Un peuple, pourtant, à la destinée tragique.
CELUI-QUI-ECRIT
Je m’attendais à lire un beau et bon livre, je ne n’attendais pas à ce qu’il recèle plusieurs niveaux de lecture.
Au premier plan, vous avez le voyage de Joseph, autant physique que psychique. Cette compréhension de ce que le continent américain avait de plus beau. De ce qu’il était en train de détruire. Une nature et un peuple qui avait appris à vivre en harmonie avec elle. Une vision bien trop absente des réels contemporains de Joseph. On vivre au diapason du photographe. On ressent ces sentiments qui bien que romancés apparaissent totalement crédibles. Cet album, ce héros, sonnent juste. Sonnent vrais.
Et puis, il y a une réflexion, tout au long du livre, que j’ai vraiment du mal à ne pas associer à Thierry Murat. C’est Joseph, théoriquement, qui s’interroge sur son travail de photographe. Qui se questionne sur la véracité de ce qu’il donne à voir, notamment. Et je ne peux pas m’empêche d’y voir le questionnement du bédéiste qui tente de rendre hommage à un mode de vie désormais perdu. Un artiste qui doit s’interroger sur le sens des images qu’il choisit de nous donner à voir. Et quand on connaît le côté un peu « posé » des cases de Murat, ça prend tous son sens.
DESSIN ET NARRATION
Parce que oui, Thierry Murat conserve ce dessin qui est le sien et que j’adore personnellement. Son découpage, d’abord. Peu de cases par planches, mais très larges, permettant une réelle immersion dans le récit. Et des cases qui, parfois, s’appréhendent autant dans le contexte de la page simple que dans celui de la double page. En scindant une même scène en deux case contigües, il exprime l’idée d’un déplacement, d’une évolution temporelle. C’est très intelligent.
Et donc, chaque case est travaillée avec finesse, dans un jeu subtile de contrastes entre le noir et la couleur. Murat sait se faire fin dans le trait, précis quand il le faut, pour mieux s’autoriser parfois un pinceau plus appuyé, plus orienté vers l’expression du ressenti.
Vous l’aurez compris je pense, Etunwan fait partie de mes albums coups de cœur de cette année 2016. Thierry Murat s’est libéré de ses scénaristes, des écrivains qu’il a aimé adapter. Sa réussite n’en est que plus belle.
ET SI ON DONNE UNE NOTE?
18.5/20
CETTE SEMAINE ON SE RETROUVE CHEZ NOUKETTE! CLIQUEZ SUR L’IMAGE!
Merci Yaneck.
Bon, 18.5 sur 20, carrément ? C’est vrai que les dessins sont beaux. Apres, il faut voir si j’arrive à ressentir autant les émotions que toi. En tout cas, je le note.
Ma prochaine lecture…. j’ai hâte !
ça a l’air sympa et puis tu le vends bien 😀
Une chronique incitative en effet et un graphisme magnifique. Je note !
Merci de ta confiance
Merci, c’est vraiment un bel ouvrage.
Super!
Oui, 18.5, pour le double niveau de lecture que l’auteur a bien voulu placer comme je le pensais.
En grande amoureuse de Murat, cet album passera entre mes mains.
Encore un album de plus à demander en bibliothèque, car j’avais bien aimé Au vent mauvais.
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