Rase campagne (Lundi One-Shot)

Rase campagne

Titre: Rase Campagne- La politique vue d’en bas
Scénariste: Yann Lindingre
Dessinateur: Aurel
Editeur: Fluide Glacial
Date de publication: Septembre 2015

Aurel, dessinateur de presse engagé, est de plus en plus sollicité pour mettre en scène des projets de bande dessinée. Vous avez pu découvrir ici Clandestino, il y a quelques semaines. Je n’ai donc pas voulu rater ce nouvel album, au concept fort prometteur et surtout, sentant bon l’acide le plus piquant.

Saint-martin-sur-Riselle est une petite ville de 5400 habitants dirigée depuis 17 ans par Albert Richard, le maire évidemment très estimé. Celui se prépare à lancer sa succession en faisant de son gendre son premier adjoint. Mais celui-ci lui coupe l’herbe sous le pied et le trahit en démissionnant avec toute une partie du conseil municipal pour provoquer de nouvelles élections. Ca va pas être tendre, la politique, à Saint Martin sur Riselle…

POLITIQUE, ACIDE ET VERITE

Lindingre frappe très fort sur la classe politique. On vante les mérite des maires, ces élus de proximités qui ne seraient pas corrompus, eux, comme tous ceux trop éloignés de leurs terres à Paris. Sauf que c’est évidemment un énorme mensonge et que les conseils municipaux ne sont pas plus épargnés par les sales magouilles que les autres échelons du système politique français. Lindingre compile, synthétise et concentre. Autant vous dire que tout est à jeter. Trahisons, financement illicites, promesses folles, alliances contre-nature, le scénariste ne nous épargne rien. Et si l’on rit, c’est souvent jaune. D’un rire amer, parce que l’on sait que malheureusement, trop de ces exemples nous entourent. Lindingre a de la culture et de la mémoire politique. Il n’avait plus qu’à se servir dans les réelles turpitudes pour bâtir son scénario. La figure du militant écologiste acheté par une pataugeoire à crapaud, centré juste sur ses petites préoccupations et ne voyant pas les trahisons, est sans doute l’image qui m’a le plus touché. Quand la noblesse de l’engagement se retrouve pervertie par un manque de culture politique.

AUREL SUR SES TERRES

Le dessinateur que l’on retrouve dans de nombreux journaux de gauche (mais aussi sur Le Monde.fr) est au coeur de la matière qu’il affectionne. Le dessin de presse politique, il le pratique depuis des années et il se montre tout aussi cruel que ce que l’est son scénariste sur cet album. Il joue sur du velours, assassine les personnages avec des physiques ingrats. C’est nerveux, c’est piquant. C’est évidemment un partenaire de choix et d’évidence pour une telle histoire.

Tous pourris? Je ne crois pas que ça soit le propos. Les deux artistes veulent rappeler, à mon sens, que la vigilance citoyenne, que l’exigence de probité, est un combat de tous les instants, de toutes les strates de la démocratie française. Et qu’il est de notre devoir de l’exercer justement pour que tout ne soit pas pourri, au royaume de France.

ET SI ON DONNE UNE NOTE?

16.75/20

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