Série: Bride Stories
Tome: 7
Auteur: Kaoru Mori
Editeur VO: Kadokawa Corporation Enterbrain
Editeur VF: Ki-Oon
Date de publication VF: Août 2015
N’ayant pas de contacts avec des éditeurs manga, je dois me limiter à mes achats perso pour vous parler de nouveautés. Et comme ce genre n’a clairement pas la priorité de mon budget, je me limite en fait à deux séries. Par contre, je ne tarde jamais à me procurer les tomes en question. Donc, tout juste sorti en cette fin de semaine, voici Bride Stories tome 7.
John Smith, l’anthropologue anglais, continue ses pérégrinations sur la route de la soie. Lui et son guide sont reçu par un riche musulman au cours d’une de leurs étapes. Mais des enjeux des femmes de la région, ils ne sauront que peu de choses. Ici, les femmes sont entièrement voilées lorsqu’elles sortent, il n’est pas question qu’un autre que leur mari ne les voient. Smith ne saura rien de ce que l’épouse de son hôte a en tête, de ses doutes, de sa solitude. Entre le secret du jardin de la maison et celui des hammams pour femmes, nous, lecteurs, par contre, ne raterons rien.
Ce septième tome ne consacre que quelques pages finales à Karluk et Amir, nos personnages fétiches, mais pour autant, il propose une histoire tout à fait intéressante à lire, et en fait, presque déstabilisante pour nous autres lecteurs occidentaux.
Kaoru Mori apporte son regard de japonaise sur une situation qui nous horripile, la place de la femme dans la religion musulmane. Pour la première fois, l’auteure confronte son personnage d’observateur face à des pratiquants de cette religion. Une pratique plutôt extrême puisque les femmes de cette communautés sont véritablement voilées intégralement. Pas la burqa mais presque. Une représentation qui nous feraient bondir, nous occidentaux tendance militants, mais qui ne semble pas gêner le regard de cette auteure japonaise, qu’on ne saurait accuser de rabaisser la femme dans ses albums. Peut-être pourrait-on supposer à son égard, une certaine tolérance à la domination masculine, mais cela ne l’empêche pas d’écrire des personnages féminins forts et indépendants, Amir en tête.
Et ce qui est encore plus intéressant, sur ce recueil, c’est que l’auteur nous donne à voir une véritable opposition. Alors que les femmes sont complètements soustraites au regard des hommes, Kaoru Mori nous dévoile leurs corps abondamment, bien plus que ce qu’elle n’avait pu faire dans les précédents tomes. Les poitrine sont bien présentes, absolument pas cachées. De toutes les formes, de toutes les tailles… Anis, l’héroïne, est plate comme une limande. Et cela joue sur l’histoire. Une histoire qui met en avant une tradition locale propre aux femmes, la sœur d’adoption. Une histoire douce, sensible, touchante. Vraiment plaisante.
J’aurai peut-être un bémol question dessin, par contre. Autant l’auteure est toujours parfaite pour ce qui est des décors ou des costumes, autant que je la trouve légèrement moins inspirée sur les visages de certains personnages secondaires, Mahfi et Shirin notamment. Ce qui est gênant puisque l’une d’elle est au coeur de l’histoire. Mori semble hésiter quant au traitement à leur accorder, avec une sorte de trait simplifié à visée humoristique, dans une phase qui ne semble pas le justifier. Alors, coup de mou? Coup de speed?
Ce petit bémol ne m’empêche pas d’apprécier une historie simple et touchante, comme toujours, décalante et inspirée, comme à chaque fois. Bride Stories est une bonne série, chaque tome le confirme.
ET SI ON DONNE UNE NOTE?
17/20