Série: Amerikkka
Tome: 4
Titre: Les aigles de Chicago
Scénariste: Roger Martin
Dessinateur: Nicolas Otero
Editeur: Emmanuel Proust Editions
Date de publication: Novembre 2004
Cherchant quelle chronique je pourrais vous proposer pour un Vendredi chronique, je me suis rendu compte que j’avais quelque peu délaissé la série Amerikkka dont je pense pourtant le plus grand bien. Je suis donc allé chercher l’album suivant dans la liste des publications, au fond de ma bibliothèque perso puisqu’il s’y trouvait. Je peux donc vous proposer à nouveau cette plongée dans le monde du fascisme à l’américaine.
Steve et Angela, les deux journalistes en lutte contre le Klu Klux Klan et ses dérivés, sont de mission à Chicago, ville qui fût célèbre pour ses massacres d’ouvriers et son gangster Al Capone. Contactés par des militants locaux, ils viennent mener l’enquête sur des meurtres mal expliqués, et sur le développement des réseaux fascistes dans la ville. Et ils vont se rendre compte qu’il n’y a pas besoin d’être dans un trou paumé pour voir les forces de l’ordre leur mettre des bâtons dans les roues.
Ce quatrième tome est avant tout une enquête sur la ville de Chicago et ses dérives. Roger Martin nous propose un panel très détaillé des mouvements fascistes dans cette ville, sous toutes leurs formes. Par dessus, il greffe une intrigue autour des fameux aigles de Chicago, dont on ne tarde pas à comprendre qu’ils sont liés à la police locale. Martin interroge ce microcosme et ses paradoxes. Le maire est noire (nous sommes dans les années 80, Martin s’inspire de faits réels) et pourtant l’extrême-droite prolifère. Il tente d’expliquer cela, de donner un sens « romanesque » à cette situation. Je n’ai pas réussi à démêler le réel de l’imaginaire, il serait intéressant de savoir à quel point cette intrigue a pu s’avérer véridique ou inspiré de faits réellement advenus. En tous cas, sur cet album, ça fonctionne. Tout est cohérent, tout s’imbrique, pour donner une vision très triste de la ville de Chicago et du combat contre les fascistes.
Comme sur tous les albums précédents, Nicolas Otero, le dessinateur, rempli parfaitement sa mission. Son dessin anguleux, acéré presque, donne du tranchant à l’ambiance, ce qui convient toujours autant aux intrigues de Roger Martin.
Amerikka est une série qu’il faut faire connaître, qu’il faut lire. Elle instruit, donne à réfléchir et montre les limites d’une liberté totale d’expression (au plan légal) comme les USA la connaissent. Dire qu’il y a toujours un parti nazi aux Etats-Unis…