Titre: Jan Karski
Scénariste: Marco Rizzo
Dessinateur: Lelio Bonaccorso
Editeur VO: Rizzoli-Lizard
Editeur VF: Steinkis
Date de publication VF: Novembre 2014
J’ai réellement découvert l’existence des éditions Steinkis en travaillant pour Zoo, le magazine gratuit sur la bande dessinée. Et en l’occurrence, c’est une bande dessinée italienne fort intéressante sur laquelle je suis tombé un peu par hasard. Je n’en attendais rien, et pourtant je la propose sur une bd du Mercredi. C’est vous dire s’il me semble que cet album est finalement intéressant.
Jan « Karski » Kozielewski est un jeune homme polonais, qui aurait pu avoir une vie très tranquille. Mais en cette fin d’été 1939, le voilà mobilisé dans l’armée de son pays, afin de combattre la double attaque Soviétique et Allemande, alliés de circonstance pour dépecer un pays dont ils veulent tous deux tirer profit. C’est le point de départ d’une vie exceptionnelle. Jan va être le témoin de toutes les horreurs de la seconde guerre mondiale, car c’est sur le territoire polonais qu’elles ont eu lieu pour la plupart. Parés pour une plongée en enfer?
La seconde guerre mondiale, on la suit bien souvent depuis le point de vue des grandes nations belligérantes. Mais il est un pays qui a été la première victime de ce conflit, et auquel on s’intéresse assez peu, la Pologne. Deux auteurs italiens corrigent donc cette injustice en mettant en lumière les mémoires de Jan Kozielewski, un acteur réel des évènements, à l’histoire impressionnante. Elle a certes été quelque peu remise en ordre pour les besoins de l’adaptation bd, et donc romancée sur certains points (qu’un article en fin de livre met en lumière), mais l’essentiel est là. Une histoire vraie, forte, tragique, d’une certaine façon. Karski va être le témoin de toutes les horreurs nazies et soviétiques. De ces derniers, il connaitra le goulag ukrainien. Des premiers, il ira jusqu’à visiter certains camps de transits pour les camps de la mort, ou l’intérieur même du ghetto de Varsovie. Il verra de lui-même toute l’inhumanité des nazis, la cruauté à l’état pur. Le pire de ce que nous autres humains sommes susceptibles de faire. Une vie incroyable, tant l’homme a risqué de nombreuses fois de mourir dans d’atroces souffrances lui aussi. Cette vie héroïque, elle a été permise par l’action d’autres hommes et femmes prêts à risquer leur vie pour leur pays, pour une Nation qui venait d’être dépecée. Et qui eux, y laissèrent leur vie.
Je connaissais déjà Lelio Bonaccorso, le dessinateur. J’avais lu son précédent album, paru cette année, 419 African Mafia, chez Ankama. Il me semble que Jan Karski est légèrement meilleur. Le dessin est peut-être plus adapté à un registre plus ancien, mais surtout, il me semble que sa mise en couleur est nettement plus nuancée. J’ai vraiment senti de la vie dans ces planches, de la nuance. Pour un sujet aussi difficile, c’est un apport non négligeable.
Oui, c’est une histoire un peu difficile, puisqu’elle aborde ce qu’il y a de pire dans la seconde guerre mondiale. Mais c’est un témoignage passionnant, inspirant, qui méritait d’être mis en scène. Pour se souvenir aussi que l’on aurait pu changer les choses, que l’on aurait pu arrêter l’horreur. Mais que cela n’a pas été fait.
18/20
Tu m’intéresses ! Je lis beaucoup sur cette période et cet album pourrait bien me plaire !
Elle me fait peur je ne te le cache pas mais je ne lui dis pas non !
Elle ne fait pas dans le trash. Elle n’occulte pas certaines scènes, mais l’histoire ne se complaît pas non plus dans l’horreur. L’héroïsme du personnage principal est bien mis en valeur. son héroïsme simple.
Il a de belles qualités. Je n’attendais rien de cet éditeur que je ne connaissais pas, il m’a agréablement surpris.
Je ne connaissais pas du tout ! Mais le sujet me touche suffisamment pour que ta critique et ta notation m’interpelle 🙂