Série : Fables
Tome : 8
Titre : Les mille et une nuits (et jours)
Scénariste : Bill Willingham
Dessinateur: Mark Buckingham,
Editeur VO: DC Comics
Label VO: Vertigo
Editeurs VF: Panini Comics/ Urban Comics
Date de publication VF: 2009
Récemment, je lisais sur un forum internet que la série Fables était taxée par certain d’être inspirée par les thèses les plus agressives concernant le rapport entre l’Amérique et les autres peuples, notamment les peuples musulmans. Je me demandai d’où sortait cette interprétation, que je ne retrouvais vraiment pas dans les sept tomes que j’avais pu lire. C’est normal, c’est au tome 8 que cela arrive.
Jack s’est fait la malle au moment où Blanche et Bigsby étaient occupés par la grossesse spéciale de la jeune femme. Mais avec quels plans, avec quelles intentions ? Qu’a fait Jack pendant que Fableville était attaquée par l’adversaire ? Il avait rejoint Hollywood, avec la ferme intention d’y faire son trou en toute discrétion. Et pendant ce temps, la communauté recevait la visite de Fables venus d’Orient. L’Adversaire a commencé son expansion sur leurs terres, et une délégation menée par Sinbad vient rencontrer les autorités de Fableville.
Voilà donc le côté « choc des civilisations ». Il faut bien reconnaître qu’il y a un fond indéniable en ce sens, sur ce recueil, sur l’histoire qui met en scène les Fables orientaux. Le personnage de Yusuf vient donner crédit aux partisans de la théorie, en voulant attaquer Fableville (l’Amérique, donc) pour en prendre le contrôle. En face, il faut bien reconnaître que les autorités de la ville sont sur un mode similaire. Très agressif, dirons-nous. Mais vous verrez à la lecture, moi, ce n’est pas ce pan qui m’a le plus gêné. Sinbad venant largement servir de médiateur et venant apaiser la vision négative du mone musulman. Non, moi, ce qui m’a interpellé, au final, c’est la façon dont les Fables occidentaux imposent leurs vues sociétales aux Fables orientaux. Ou du moins, essayent de le faire, parce qu’il n’est pas si évident que Fableville Orient suivent tant que ça les préceptes de Fableville Occident. Mais voir le Prince Charmant profiter de la position de faiblesse relative de Sinbad pour lui imposer le mode de vie occidental, ça me gêne. Même si c’est pour imposer la démocratie, il y a quelque chose qui me dérange dans cette façon de faire, sans doute dans la métaphore qu’elle constitue de notre monde réel. Ce qu’est une Fable, au final… Difficile de dire, par contre, quel est le propos du scénariste, sa vision personnelle. Condamne-t-il ou non cette façon de procéder, je n’arrive pas à le dire, et je prends volontiers des avis extérieurs.
Pour ce qui est du dessin, notons que Buckingham dessine tout, même la partie consacre à Jack. On le sent modifier légèrement son trait pour proposer une ambiance différente, ainsi que le font les artistes habituellement invités, mais cette version reste tout à fait lisible. Je préfère son trait naturel, mais il adopte une simplicité sur les premiers épisodes qui n’est pas déplaisante.
Ce ne sera pas sur cet album que j’aurai pris le plus de plaisir à la lecture, mais il est indéniablement intéressant. Notamment pour les interprétations qu’il permet de faire, qui à mon avis peuvent être fort nombreuses. Il y a de quoi se prendre la tête, sur cette histoire…