Dorian Gray
Scénariste et Dessinateur : Enrique Corominas
Éditeur : Daniel Maghen Editeur
Date de parution : 2011
D’après l’oeuvre d’Oscar Wilde
Ce n’est pas mon habitude de lire énormément d’adaptations littéraires en bande dessinée. Pourtant, après le Victor Hugo : Aux frontières de l’exil, je poursuis ma découverte des éditions Daniel Maghen (issues de la galerie parisienne éponyme) avec le Dorian Gray d’Enrique Corominas.
Lord Henry a des idées bien arrêtées sur la vie, le temps qui passe et la jeunesse que nous laissons derrière nous. Ami de l’artiste Basil Hallward, il fait par son intermédiaire la rencontre de Dorian Gray, jeune dandy d’une beauté proverbiale qui inspire alors au peintre un portrait des plus confondants. Les préceptes de Lord Henry vont avoir des conséquences fâcheuses sur le jeune esprit de Dorian Gray, dont le portrait va devenir, par orgueil autant que par mégarde, le reflet de son âme tandis que sa beauté restera désormais intact.
Par un souhait insensé, le fantastique s’immisce dans ce récit tiré en droite ligne de l’œuvre d’Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray. L’auteur s’attaque au chef-d’œuvre largement reconnu en en soutirant les passages les plus forts et les plus marquants. Fan du livre comme de l’époque, au point de retourner se plonger dans les revues de l’époque, il cherche toujours à accentuer la pression sur le lecteur en laissant planer le doute sur la réalité expliquant la jeunesse éternelle de Dorian Gray. Sa chute inexorable vers toujours plus d’abus et de dédain envers les simples mortels, fades à côté de lui, n’en est que plus vertigineuse.
Enrique Corominas assume, de son côté, à la fois l’aspect scénaristique et celui graphique. Et c’est sûrement cette dernière facette qui retiendra l’attention de la plupart des lecteurs de ce roman graphique. En effet, il s’appuie largement sur une palette de couleurs très vaste et très fouillée pour peindre des scènes puissantes mais presque épuisantes à détailler pour le lecteur. L’auteur alterne scènes de nuit angoissantes et scènes en intérieur qui pourraient passer pour rassurantes, mais réussit surtout son coup dans la peinture de décors très simples mais détaillés juste ce qu’il faut pour que l’on se doute qu’il y a quelque chose à voir derrière. Le Mal est là, assurément, mais d’une manière tellement gênante que cela en devient très malsain.
Corruption de l’âme et réflexions sur la jeunesse éternelle, sur le plaisir en continu, font le sel de cette adaptation particulièrement colorée et retorse. Enrique Corominas livre donc ici un roman graphique, certes volontairement à part, mais de manière clairement assumée, en humble réponse au roman d’origine qui l’a, semble-t-il, marqué au plus haut point.
Un joli article pour se remémorer cet excellent roman graphique et le livre originel, bien sûr.
Le dessin est magnifique visiblement. Il a l’air en adéquation avec le thème ! J’ai confiance dans les éditions Maghen, je pourrais me laisser tenter.
Quel dessin splendide ! J’ai eu une telle peur, ado, quand j’ai lu la description du portrait… Si tu dis que c’est malsain, je frissonne déjà !
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