Astérix, tome 9 : Astérix et les Normands
Scénariste : René Goscinny
Dessinateur : Albert Uderzo
Éditeur : Dargaud
Date de parution : 1966
Synopsis : Goudurix, jeune Lutécien sans cervelle, est envoyé chez son oncle Abraracourcix afin qu’on fasse de lui un homme. Durant son séjour chez les Gaulois d’Armorique, des Normands, qui ne connaissent pas la peur, débarquent non loin du village. Effectivement, leur chef Olaf Grossebaf ayant entendu dire que « la peur donne des ailes », a pris cette expression au pied de la lettre et croit pouvoir apprendre à voler. Malheureusement, il est mal tombé : les Gaulois du village ne connaissent pas davantage la peur. Goudurix par contre, leur semble un instructeur idéal, et ils s’emparent de lui…
Récemment adapté, très librement, en film d’animation (Astérix et les Vikings) ainsi qu’en long-métrage en prise de vues réelles (Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté), Astérix et les Normands est le neuvième opus de la série Astérix et le Gaulois.
Tout d’abord, ce tome-ci brille par son cruel manque de déplacements de nos comparses gaulois. Après avoir déjà visité Lutèce, Rome et quantité de villes au sein de l’empire romain, Astérix et Obélix sont confrontés à une redoutable peuplade directement sur leurs côtés : les Normands, fiers marins-guerriers du Nord, comptent découvrir de grandes choses en Armorique. À commencer par la peur ! Et c’est là qu’entre en jeu un personnage que nous retrouvons uniquement dans cet album : Goudurix. Ce jeune gaulois venu de Lutèce est le neveu d’Abraracourcix et représente la jeunesse montante des années 1960 au cœur des années yé-yé, entre envie constante d’être à la mode et peur maladive de l’inconnu. Son arrivée au village armoricain est l’occasion de caricaturer ce mouvement préfigurant mai 1968, ainsi que de pasticher quantité de données culturelles comme les « chars de sport de Mediolanum » et les groupies des chanteurs yé-yé.
C’est toujours intéressant de voir René Goscinny traiter le sujet, devenu très commun depuis, l’altérité, le rapport à l’autre, à l’envahisseur. Or, ce ne sont donc pas les Romains les principaux antagonistes, mais bien ces Normands aussi ridicules qu’ils sont sanguinaires. Leur présence est bien sûr un anachronisme à l’état pur comme nous y a habitués l’ensemble de la série des aventures d’Astérix et Obélix. Leur invasion relative de l’Armorique pour des raisons très secondaires, ces Normands sont pensés en miroir de nos chers petits Gaulois. Ils ne sont pas très intelligents, ils sont très bagarreurs, braillards même, et captent de larges traits de leurs descendants normands actuels (des goûts en cuisine, leur attirance pour le calva, des réponses vagues, etc.). Par le même principe qui nous aide à rire des noms gaulois, goths, bretons, romains et égyptiens, les Normands possèdent uniquement des noms en -af, à commencer par leur chef Olaf Grossebaf. Enfin, leur propre habitude de jurer par tous leurs dieux est un autre élément comique (« Par Odin ! Par Thor ! Par exemple ! ») en parallèle des habitudes gauloises en la matière.
Et d’ailleurs, que font nos Gaulois pendant ce temps ? Astérix et Obélix ont bien quelques dialogues savoureux comme René Goscinny savait tant le faire, mais ils prennent davantage des rôles de faire-valoir au profit des « méchants » du moment et d’un Goudurix déclencheur des événements. Notons toutefois qu’une fois n’est pas coutume (en tout cas, pas avant Astérix chez Rahàzade), Assurancetourix joue ici un rôle non négligeable. Aura-t-il enfin droit au banquet final ? Sa musique si stridente serait-elle à la mode de Lutèce ? Dans tous les cas, il a la possibilité de trouver (enfin !) un Gaulois moins « ignare » que ses comparses habituels en la personne du petit Goudurix.
Nous n’avons donc pas là la plus passionnante des aventures d’Astérix et Obélix, mais elle se révèle efficace malgré tout et nous pouvons encore trouver des influences dans la bande dessinée bien plus récente, comme dans Kaamelott, tome 2 : Les sièges de transport, par Alexandre Astier où les Vikings débarquent également et dont la couverture rappellent sans difficulté celle de ce tome d’Astérix.
Cette BD m’a été offerte, du coup elle a toujours eu un statut particulier pour moi !
un bon cru sans être une année exceptionnelle ce tome
Cet album est éternellement associé à mon frère. Comme quoi, les souvenirs familiaux !
Je vois ça ^^
Eric confirme, visiblement ^^