Titre : Le chevalier double
Auteure : Modrimane
Editeur : La Boîte à Bulles
Collection : La Malle aux images
Date de publication : Janvier 2014
D’après l’œuvre de Théophile Gautier
Travailler avec un éditeur que l’on connaissait peu jusque là, c’est s’assurer de découvrir de temps en temps certains pans méconnus de son catalogue. J’ignorais donc l’existence de la collection La malle aux images, chez la boîte à bulles, avant que je ne m’intéresse à ce livre. Adaptations jeunesse et grand publics de nouvelles de grands auteurs passés, soutenues par un joli traitement physique, album toilé et recouvert d’une couverture collée. N’oublions pas le support du texte original, proposé en complément. C’est donc un tel livre dont je vais vous parler aujourd’hui.
Voici donc l’histoire du Comte Lodbrog et de la Comtesse Edwige. Par un soir de tempête, un étranger s’en vint frapper aux portes du château pour demander asile, le temps que le mauvais temps passa. Le mauvais temps dura, mais l’étranger, conteur et musicien itinérant, payait largement ses hôtes en les divertissants. Il exerçait une attirance étrange sur tous, presque inquiétante. Une attirance bien trop forte pour la comtesse… Le beau temps revint, le musicien repartit, et un enfant fût bientôt annoncé. Un enfant dont la naissance advint sous de tristes augures…
Que Théophile Gautier, célèbre auteur du Capitaine Fracasse, fût doué pour mettre en scène les chevaliers, nul doute là-dessus. La découverte de cet album, c’est donc bel et bien Modrimane, l’auteure de cette adaptation. Elle propose un parti pris graphique très intéressant, un dessin simple et un peu rude, qui n’est pas sans rappeler les enluminures du moyen-âge. Les couleurs se mêlent sans se croiser, accentuant encore cet effet. Un travail parfaitement adapté au sujet traité, du coup, qui met bien en valeur le texte initial.
Un texte original un brin misogyne, disons-le tout de go. Que la jeune femme n’a-t-elle encore fauté ? Toutes des filles d’Eve la pécheresse, la faiblesse incarnée. De cela, Modrimane n’est pas responsable, il serait injuste de lui en tenir rigueur. On peut plus mettre en avant son adaptation, qui transforme de bonne façon les multiples descriptions de Gautier, en autant de scène où les personnages deviennent acteur. La morale est mignonne, romantique, avec cette façon de parvenir à vaincre le destin. Une invitation à être acteur de nos vies, en sommes.
L’éditeur propose cet album pour les 8-98 ans, cela me paraît assez juste. C’est un bon moyen, me semble-t-il, d’amener des enfants à s’intéresser à des textes plus complexes, doté d’un niveau de langage plus exigeant. Les images de la bd pouvant venir se superposer aux mots de la nouvelle, une fois un meilleur niveau de lecture atteint. A noter également, un gros effort éditorial pour préserver la complexité des mots, tout en restant très didactique. Un ouvrage intéressant donc, qui donnera envie de s’intéresser au reste de la collection.
J’aime beaucoup Gaultier mais le traitement image ne m’attire guère
C’est particulier, mais je trouve que ça se marie vraiment bien à l’époque mise en scène, au final.