Titre: Seules contre tous
Auteure: Miriam Katin
Editeur VO: Drawn and Quaterly
Editeur VF: Seuil/ Futuropolis
Date de publication VF: Septembre 2006/ Janvier 214
Futuropolis fait un sacré pari en ce mois de janvier 2014. Afin de soutenir la sortie du livre Lâcher prise, de Miriam Katin, ils l’accompagnent le même mois d’une réédition de son premier livre, paru initialement au Seuil. Autant commencer par le premier ouvrage histoire de comprendre un peu qui est l’auteure, étant donné que ses livres sont autobiographiques.
Esther Levy vit à Budapest, avec sa fille Lisa et sa sœur Eva. Le marie d’Esther est parti combattre avec l’armée hongroise. Mais en cette année 1944, la situation se complique sérieusement pour les juifs hongrois, obligés de subir des lois outrageantes et mesquines. Il se murmure dans la communauté que des déportations massives auraient lieu. Esther ne peut supporter cela, elle veut vivre, elle veut protéger sa fille. Alors plutôt que de rejoindre un Ghetto, elle dépense toutes ses économies pour obtenir de faux papiers et pour s’exiler à la campagne. Mais l’accueil qui va lui être réservé ne sera pas très chaleureux, et la menace des nazis ne tardera pas à se faire sentir à nouveau.
J’ai lu cet album d’une traite, avec un sentiment d’oppression assez inattendu. Il m’a fallu aller jusqu’au bout, lire, lire, comme pour arriver plus rapidement à un dénouement moins malheureux que le vécu de cette femme et de sa fille, l’auteure elle-même. Miriam Katin nous entraîne dans cette histoire sans qu’on y prenne garde. On se met à trembler de peur pour elles, on imagine forcément le destin qui sera le leur si elles sont prises par les nazis. Et la grande force de Katin, c’est qu’elle réalise cela avec un mélange de souvenirs et de moments romancés. On ne sait quels évènements elle a du réécrire, faute de ressources précises, mais chaque instant est empreint d’une vérité qui vous poignarde au cœur. On ressent chaque émotion avec intensité, on adhère immédiatement à la cause de ces deux femmes. C’est aussi l’occasion de découvrir la façon dont les juifs ont été traités en Hongrie. Ce n’est pas le propos principal de l’auteure, mais elle nous livre quelques éléments qui, mis bout à bout, nous donnent un premier aperçu. J’aurai aimé en apprendre plus, pour ma part, mais cela ne conviendrait pas aux intentions de l’artiste qui a voulu clairement nous proposer un récit tourné vers l’empathie.
Et son dessin réussit parfaitement à accompagner cette démarche. Le dessin évolue, au fil des pages, d’une manière assez légères, mais néanmoins perceptible. Katin passe d’un dessin très fin et précis, très photographique, à certains passages plus allégoriques, avec un dessin plus simplifié. Je n’ai pas réussi à percer les raisons de ces mouvements, mais ils ne sont pas du tout gênants, et l’album garde toute son unité. A noter que les pages en couleurs permettent de bien identifier les moments qui se déroulent à New York, c’est une bonne idée. Et en plus, cela traduit un indéniable message, qui vient tempérer la peur que nous transmet l’auteure.
Voilà, j’espère vous avoir donné envie de découvrir ce petit livre (par son format, carré d’une quinzaine de centimètres de côté) qui m’a touché à ce point. A peine refermé, il m’est paru évident qu’il fallait que je le propose dans le cadre des BD du Mercredi, que je vous donne envie de le lire. C’est une véritable expérience de lecture, qui vous attend désormais.
LA BLOGOSPHERE EN PARLE
J’ai le même ressenti que toi d’un bout à l’autre !
Une histoire qui se répète et décline à l’infini et pourtant , à chaque fois, c’est nouveau et prenant. Oui, je sens que je pourrais aimer cet album!
L’intrigue et le graphisme font envie. Je la lirai certainement !
Oui, tu réussis très bien à donner envie !
Le talent de l’auteure ^^
Tu as raison, c’est exactement ça. Parce que chaque histoire est unique et particulière. Et donc instructive.
Merci ^^
Je n’aime pas trop ce sujet mais cette bande-dessinée à l’air vraiment bien
Cristie m’avait déjà tentée la semaine dernière, si en plus tu en rajoutes une couche… Comment résister ?
ha… je sais ce qu’il me reste à faire!
J’adore le dessin ! Cela me tente beaucoup !
Comment ne pas être concerné par cette BD en vivant en Hongrie depuis des années, en ayant fait fait des études d’histoire, en étant tout simplement homme et citoyen du monde?
J’ai déjà écrit tout le bien que je pense de cette BD ici (http://www.vuesdebudapesthongrie.com/article-bd-seules-contre-tous-de-miriam-katin-107363102.html).
Un BD à lire, à faire lire.
Une BD terriblement d’actualité…
Pour sûr. Ce dimanche, en france, un parfum d’années 30 flottait sur paris