Série : Isabellae
Tome : 1
Titre : L’homme-nuit
Scénariste : Raule
Dessinateur : Paul Gabor
Editeur : Le Lombard
Date de publication : janvier 2013
Une couverture avec des katanas, des samouraïs et des statues bouddhistes ? Je ne peux y résister. La bd de samouraï, je n’y peux rien, j’adore ça. Je ne peux m’empêcher d’aller découvrir ce que l’album recèle. Une gaijin en couverture avec un daisho à la main ? Intrigant, voyons voir…
Le Japon, île de Hokkaïdo, 1192. Une étrange jeune femme aux cheveux de feu chemine à la recherche d‘un étrange duo. Une femme aux cheveux noirs et un guerrier gigantesque. Isabellae veut retrouver sa sœur, quels que soient les dangers. L’esprit de son défunt père, noble samouraï, essaye tant bien que mal de la guider. Mais il semblerait que leur famille se soit construite sur des bases malsaines. Et pas seulement parce qu’un japonais a épousé une gaijin venue de la lointaine Europe. Le mal est au cœur de cette famille.
Peut-être. C’est le meilleur qualificatif que je puisse donner à cette histoire, c’est peut-être une bonne histoire. J’hésite, car il y a différents éléments qui viennent quelque peu gêner mon appréciation du scénario. Un grand classicisme, en fait. Un groupe d’errants qui se constitue, un peu à la manière d’un vieux jeu de rôle. La gaijin combattante au lourd passé, le beau guerrier un brin roublard, le jeune moine, et le fantôme. Après Okko, après Samuraï, deux séries un peu marquantes pour la bd médiévale fantastique japonisante, c’est un brin redondant. Quelle serait l’originalité, je suis bien en peine de le dire, c’est pour cela que je ne juge pas trop négativement cet aspect. Et puis bon, il y a cette jeune femme gaijin qui se ballade librement dans le Japon médiéval, et je suis peu client. Mais une fois encore, c’est moi que ça vient gêner. Comme l’introduction d’une forme de fantastique sauce chrétienne, que je regrette un peu tant il me semble que les croyances autochtones sont plus intéressantes et encore peu explorée (Le vent des dieux chez Glénat, s’y était essayé).
Mais donc, je ne parviens pas à condamner cet album. Il se lit très bien, c’est très agréable, les personnages sont bien caractérisés, les situations sont intéressantes, utilisent bien la philosophie de cette époque, de ce pays. Il y a du fond, il y a du potentiel. Et ce n’est qu’un tome 1. On ne peut pas avoir toutes les réponses, on ne peut distinguer aussi vite la direction que prendra réellement le scénariste. Il faut en tenir compte dans mon jugement.
Pour le dessin, par contre, je fais beaucoup moins la fine bouche, j’ai beaucoup aimé le travail de Paul Gabor. Surtout sa mise en couleur, d’ailleurs, avec laquelle il travail fort bien les ambiances particulières qui vont avec la construction du récit. J’aime aussi son trait, un peu rond, assez souple. Un dessin assez classique du franco-belge, mais avec un beau dynamisme, une certaine fougue. Je suis tout à fait preneur.
J’espère que mes hésitations vous auront tout de même donné envie de découvrir cet album, qui mérite sans doute qu’on lui laisse sa chance. Il mérite de se voir suivi d’un tome 2, qui lui permettrait de juger plus objectivement des qualités réelles du scénario. D’estimer son réel potentiel. Et sa tombe bien, il ne va pas tarder à sortir, ce tome 2.
La blogosphère en parle: Le Blog bd de C…, Le Grenier de Choco,
Le Tome 2 est déjà sorti en fait