Série: Scalped
Tome: 1
Titre: Pays indien
Scénariste: Jason Aaron
Dessinateur: R.M. Guéra
Coloriste: Lee Loughridge
Editeur VO: DC Comics
Label VO: Vertigo
Editeur VF: Panini Comics/ Urban Comics
Date de publication VF: 2010/ Juin 2012
Encore une série que je peux découvrir grâce aux nouvelles bibliothèques que je fréquente. En l’occurrence, j’avais essayé de lire Scalped en vo, mais entre les textes que je comprenais mal et un dessin un peu… difficile d’appréhension, j’avais décidé de ne pas persister et d’attendre une bonne occasion en VF. C’est chose faite, nous pouvons donc plonger ensemble dans cette réserve indienne d’Amérique.
Prairie Rose, Dakota du Sud. C’est là que les Sioux sont venus mourir, c’est là qu’ils ont été parqués dans une « réserve ». Haut lieu de chômage, de violence et de délinquance, aujourd’hui, les réserves sont un lieu où personne ne voudrait habiter. Mais donc, à Prairie Rose, il y a un indien qui s’en sort moins mal que les autres, Red Crow. Dirigeant des instances de la réserve, c’est aussi celui qui brasse le plus de fric, surtout avec son nouveau casino destiné à plumer les touristes blancs. Mais ça petite fête pourrait bien être gâchée par le retour d’un fils prodigue, Dashiell Bad Horse, le fils d’une femme avec qui Red Crow avait milité par le passé. Une foutu tête de mule qui sème le bordel dans la réserve à grand coup de nunchaku.
Intrigante série pour laquelle, je l’avoue, la lecture du tome 2 sera nécessaire, tant j’ai du mal à me faire encore un véritable avis à son sujet.
Indéniablement, on a là une chronique au vitriol de l’Amérique moderne et surtout du sort qu’elle réserve indiens. D’ailleurs, cela interroge l’européen que je suis. Pourquoi ces gens restent-ils toujours dans cet endroit pourri où ils sont immédiatement catalogués comme étant des résidus de déchets? Le poids de l’Histoire? De la famille? La ségrégation de la société américaine? Je dois dire que je n’y connais pas grand chose, mais je vais de ce pas interroger une ancienne élève à moi qui se passionne pour ce genre de questions afin qu’elle nous éclaire un peu ici. Mais donc, la société décrite par Jason Aaron est vraiment lamentable. Drogue, crime, corruption, il n’y a pas grand chose à garder, de ce qui nous est montré dans ces premiers épisodes. Et il y a Bad Horse, le héros de la série. Comme souvent chez Vertigo, un foutu salopard. Du genre à avoir bouffé de la vache enragé pendant longtemps. Evidemment, il cache un petit secret, que je ne vous révèlerai pas ici histoire de vous garder vierge et de ne pas perdre la saveur de la révélation, et son retour a la réserve n’est pas innocent. N’empêche que c’est un malin et qu’il gère bien plus les choses qu’il ne semble le montrer. Ou alors il a de la chance, allez savoir… C’est un polar social très fort, mais il me manque encore une pointe d’empathie pour dire que j’adhère pleinement à la série. Il me faut en lire plus.
Et donc, pour accompagner ce scénario agressif, il y a le trait de R.M. Guéra, qui est parfaitement au diapason. Son trait est extrêmement nerveux, sale, et joue beaucoup sur les ombres. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’il est crédité comme co-créateur de la série. Son dessin est sans doute une source d’inspiration pour l’ambiance de la série.
Bon, sans soucis, je donne une seconde chance à cette série de me chopper et de me coller au mur. Le gros du travail est fait, et quand on voit la dernière case du bouquin, on se dit que l’empathie avec Bad Horse, ça ne devrait pas tarder. Vous lirez ici le tome 2, et moi aussi.
Chloé Andrieu 06/05/2013 10:30
En réalité dès la déclaration d’indépendance des Etats-Unis, la nation aspirait déjà à un « melting-pot » mais melting-pot qui ne prenait en compte que les sociétés colonisatrices et immigrantes
(anglais, français, irlandais..), afin de créer, dans un autre continent, une race dites « supérieure », un mélange entre sociétés qui n’arrivaient pas à s’entendre sur l’ancien continent. Les deux
groupes en dehors de ce melting-pot étaients les noirs américains anciens esclaves ou descendants ainsi que les amérindiens. Il a donc fallu trouver, pour la nation en construction, comment
« gérer » ces populations, ou plutôt qu’en faire… Pour les noirs américains, différentes opinions : les deux « races » (j’utilise les termes de l’époque) blanches et noires ne peuvent vivre
ensemble et coexister convenablement. Il faut donc les séparer. Certains opteront pour un renvoi des noirs en Afrique, certains noirs souhaiteront qu’on leur cède un territoire..Finalement la
ségrégation va s’installer petit à petit dans une ségregation spatiale, et ensuite sociale et économique. Pour le cas des amérindiens, la question a plutôt été : quelle part du territoire leur
donner ou pas ? Dans un premier temps ils ont été déplacés vers l’Ouest, afin que les blancs puissent garder les terres de l’Est, sachant que celles de l’Ouest étaient en fait impropres à
l’agriculture. Il y a eu une déportation massive des amérindiens, dans la célèbre « piste des alrmes » qui a fait des milliers de morts de faim et de fatigue sur le chemin. Une idée a émergée,
celle d’allouer un territoire (territoire qui ne paraîtrait sans grand interêt pour l’Etat) aux indiens. Selon un principe d’échange : un territoire en échange de la terre d’origine de ces
indiens. ( qui elle aurait un plus grand interêt pour le pays). On a donc déjà, aprés des années et des années de guerre, glissé de ce que l’on pourrait appeller d’un génocide, vers une forme
moins « violente » de discrimination, le terme « réserve » signifiant d’abord « territoire réservé aux indiens ». Néanmoins, parquer ces indiens dans des « réserves » était un bon moyen de les tenir à
l’écart de la société, sans moyen d’action sur elle. Une autre forme de ségrégation spatiale. Mais le terme de réserve au fil du temps a plus pris l’apparence d’un zoo humain que d’un territoire
réservé aux indiens. Les américains ayant empiétés de plus en plus autour des territoires indiens, ceux-ci se sont retrouvés comme piégés dans leur réserve, et en plus à la vue de tous. Ils ont
commencé à ne plus avoir droit de pratiquer certains rituels jugés « barbares » comme la danse du soleil. Ils ont connu des soucis avec le FBI, entre autres, pénétrant dans leurs territoires,
et Leonard Peltier, militat incarcéré, est aujourd’hui le symbole vivant de cette lutte. Les indiens, qui ont donc essayé de se battre dans un premier temps, et de s’isoler afin de conserver
leurs modes de vie, ont été en quelque sorte envahis. Déjà, la réserve ne les permettait pas d’avoir les mêmes moyens de subsistances qu’avant, ni les mêmes méthodes. Ensuite, des lois leur ont
interdit de plus en plus de pratiques. Enfin, ils ont été obligés d’aller à la rencontre des populations qui les entouraient maintenant à proximité, et d’essayer de pénétrer certains pans de la
vie à l’américaine. Le travail dans un casino en fait partie. Cependant, les indiens portent aujourd’hui les stigmates de cette transformation, cette assmiliation forcée, et l’alcool, les
suicides, la délinquance n’en sont que des manifestations. Et la plupart de ces indiens sont un peu le cul entre deux chaises, entre tradition et essai de modernité, bien qu’ils ne puissent
réellement rejoindre la nation américaine du fait de leur situation économique, mais aussi et surtout qu »ils ne le veulent car la plupart portent en eux la douleur de cette rupture avec leur
culture et leur identité. Certains restent donc au sein de cette réserve car ils y sont plus ou moins forcés, et l’alcoolisme la délinquance, ne sont pas des élèments qui puissent les aider à en
sortir. Ces sont pour moi des effets qui surgissent lorsque l’on place des individus en périphérie, à l’écart , loin d ela société comme si l’on avait peur qu’ils nous nuisent, mais qu’en plus de
cela, on leur refuse une identité propre. Charles Taylor, qui a écrit des bouquins sur le multiculturalisme et la reconnaissance, c’est trés intéressant. Bref Je pense donc que la réserve n’est
pas que le seul élèment de cette destruction psychologique et physique des indiens, mais qu’elle se trouve au sein-même du processus de construction de la nation américaine. Après ce n’est qu’une
lecture personnelle, bien entendu !
Yaneck Chareyre 06/05/2013 12:56
Je savais que j’avais raison de penser à toi. Merci pour ton regard, ça m’aura appris plein de choses. Ca complète bien la chronique ludique.
jerome 07/05/2013 18:00
J’adore cette série ultra-réaliste et toute en tension. Un incontournable dans la production de comics actuelle.
Yaneck Chareyre 08/05/2013 15:36
Il faut que je prenne le tome 2, je suis à la bourre.
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