Titre: Les derniers jours de Stefan Sweig
Scénariste: Laurent Seksik
Dessinateur: Guillaume Sorel
Editeur: Casterman
Date de publication: 2010
D’après le roman de Laurent Seksik
Grâce à mes nouvelles bibliothèques, je peux m’attaquer à la lecture de certains titres du top bd des blogueurs présents depuis des mois et que je n’avais toujours pas lu. J’avais bien entendu vu passer la sublime couverture de cet album en librairie, mais les bibliothèques de Grenoble ne l’avaient pas et je ne souhaitais pas risquer mon argent dans un album qui aurait pu ne pas m’enthousiasmer. Mais voilà le manque comblé.
1941. Le célèbre écrivain autrichien Stefan Sweig quitte les Etats-Unis avec sa seconde épouse Lotte pour rejoindre sa nouvelle villégiature, le Brésil. Conscient du péril nazi, il a quitté l’Europe centrale pour l’Angleterre, puis l’Amérique. Difficile de s’établir quelque part quand on est soupçonné d’être un ennemi potentiel. Le Brésil, c’est là que Sweig passera ses derniers jours. Laurent Seksik nous fait vivre avec ce grand auteur ces derniers moments, rythmés par les nouvelles du conflit mondial.
Bon, sans doute ne puis-je apprécier à sa pleine valeur cet album, je n’ai sans doute jamais lu de Stefan Sweig de ma vie (depuis cinq ans, je manque déjà de temps pour connaître en profondeur le monde de la bd, alors la littérature…). Ceci étant dit, l’album se lit quand même car il s’avère finalement assez universel. La question étant de savoir ce que l’on peut cultiver comme espoir lorsque l’on voit le monde sombrer dans la barbarie et que rien ne semble pouvoir l’en empêcher. Sweig, lui, sombre peu à peu et c’est cette lente chute que Laurent Seksik met en scène. Ceci dit, si l’on en croit le scénariste, l’auteur avait déjà planifié sa fin dans un de ses livres. Tout du moins y avait-il vu alors possibilité de modèle à reproduire. Réussir sa fin quand on n’a pas réussi sa vie. Résignation, renonciation, héroïsme, on a déjà beaucoup écrit sur les sentiments qui avaient pu naître chez ceux qui avaient connu la seconde guerre mondiale. Mais rares sont les récits présentant des personnages qui sont envahis par le pessimisme jusqu’à l’extrême. Héros tragiques, le chemin de Stefan et Lotte n’avait jusque là que peu été exploré. Laurent Seksik nous livre un autre morceau du puzzle représentant la guerre contre le nazisme. Il manquait.
Sur cet excellent texte (d’autant plus que c’est son auteur qui l’a adapté), Guillaume Sorel propose un dessin très subtil, dans lequel la mise en couleur s’avère incontournable. Le trait est fin, réaliste, met en exergue les visages, les émotions, mais il est grandement rehaussé par les couleurs. Sans doute une base d’aquarelle, certains effets y font penser. Peut-être quelque chose de plus complexe, mais là, les connaissances techniques me manquent. Le rendu complet est en tous cas bien agréable et ne cherche pas à plonger dans le même sens que les protagonistes. Le cadre est lumineux et paradisiaque, Sorel ne cherche pas à la déprécier.
Ouvrage intéressant, donc, qui apportera sans doute plus aux passionnés de Stefan Sweig. Les autres pourront prendre le temps de lire une histoire inhabituelle, fort bien mis en image. Et c’est déjà pas mal.
Violette 02/03/2013 10:45
trèèès tentant !
Yaneck Chareyre 02/03/2013 13:12
N’est-ce pas? ^^
Yvan 02/03/2013 15:23
J’ai adoré alors que le pitch ne me tentait pas trop…
Yaneck Chareyre 02/03/2013 15:55
Je pense que c’est un ouvrage qui nous convainc à la lecture. En même temps, avec des dessins pareils, dur de résister.
Kikine 05/03/2013 02:06
Encore plus pertinent quand on a lu Zweig et les quelques livres dont il fat référence dans l’.album. Du reste, tout le monde pourrait tomber sous le charme de ce magnifique livre …
Yaneck Chareyre 05/03/2013 11:14
Forcément. Mais comment ne pas succomber aux dessins sublimes? Impossible…
zazimuth 11/03/2013 16:15
Je trouve le graphisme intéressant.
Yaneck Chareyre 11/03/2013 19:32
Et ce n’est pas son seul point fort, tu verras si tu en fais la lecture…
Anne 04/04/2013 10:45
J’aime beaucoup ton billet pour ce qui concerne le texte, tu as saisi beaucoup de nuances et… de douleur. Quant au dessin, aux couleurs… je ne me lasse pas de ce raffinement.
Yaneck Chareyre 04/04/2013 19:20
Merci à toi, c’est un joli compliment que tu me fais.