Série: Amerikkka
Tome: 3
Titre: Les neiges de l’Idaho
Scénariste: Roger Martin
Dessinateur: Nicolas Otéro
Editeur: Emmanuel Proust Editions
Date de publication: Novembre 2003
Avec ce qui se passe en Grèce en ce moment, la montée de l’extrême-droite, à travers toute l’Europe même, voilà une série qui mériterait d’être plus mise en avant, tant elle dénonce les horreurs modernes des fascistes, racistes et xénophobes américains. Attention, ayez le cœur bien accroché avec cet album, nous plongeons dans la fosse sceptique de l’occident.
Peu de temps après leur mission en Floride, Steve et Angela, les deux militants anti-milices racistes reprennent du service. Mais cette fois-ci, Steve prend encore plus de risques. Il a accepté d’infiltrer un camp d’entraînement au cœur de l’Idaho. Angela sera à proximité, mais Steve va devoir se faire convaincant pour essayer de pénétrer les lieux et trouver une mère que sa fille cherche à faire sortir. Crane rasé, tatouages nazis et identité usurpée, Steve joue gros. S’il est prit, ce sera la mort, dans le meilleur des cas. Les Nations Aryennes ne plaisantent pas avec les traîtres à la race…
Roger Martin ne nous épargne pas grand chose, dans cette histoire qui fit froid dans le dos. A la fois par les actes des néo-nazi, mais aussi par tous les extraits de propagande qu’il distille au fur et à mesure que le personnage de Steve s’infiltre dans le camps. Une idéologie nauséabonde, mais surtout absolument incohérente, capable à la fois de se réclamer des 12 tribus d’israël et de dénoncer la corruption menée par les juifs sur l’Amérique. Les hommes doivent montrer les plus hautes qualités morales, mais leurs chefs les récompensent avec cocaïne et cannabis. C’est une excellente lecture pour percevoir toutes les failles de ces discours. Et on espère que le scénariste brode beaucoup sur les faits véridiques qu’il utilise pour cette série, tant le potentiel de destruction de ce groupe est gigantesque. Ceci dit, Martin n’oublie pas les subtilités. En faisant d’un député Républicain de l’Idaho un nazi undercover, on se dit qu’il balance et qu’il a un vrai nom en tête pour proposer une telle charge contre un parti républicain américain. En tous cas, il faut reconnaître au scénariste un joli talent d’écriture, car on est prit de bout en bout par le suspens, et ce même après plusieurs lectures. L’album se relit très bien.
Là dessus, Nicolas Otéro livre une excellente prestation, très dynamique, très riche en détails. Le camp prend littéralement vie sous son trait, et cela concourt largement au malaise que l’on ressent à la lecture. Et puis quel talent pour dessiner des gueules…
Sur les trois premiers tomes de cette série, celui-ci est on préféré, tant le scénario nous captive et nous dégoûte. Je le recommande chaudement, même sans avoir lu le reste de la série.
PG Luneau 04/12/2012 05:29
C’est un genre littéraire qui ne m’attire en rien… mais qui m’apparaît dans ce cas-ci tellement important, ne serait-ce que par devoir de mémoire! Je suis tiraillé… encore à cause de toi!!
;^)
Yaneck Chareyre 04/12/2012 13:58
Quel genre littéraire? En tous cas, tu le sais, j’adore tirailler les gens, c’est mon côté « démon tentateur » ^^
PG Luneau 04/12/2012 22:14
Les thrillers policiers, style blockbusters américains… Je les trouve souvent trop tirés par les cheveux!