Titre: Batman: L’asile d’Arkham
Scénariste: Grant Morrison
Dessinateur: Dave McKean
Editeur VF: Panini Comics
Editeur VO: DC Comics
Date de publication VF: 2010
Date de publication VO: 1989
Si depuis quelques mois, on assiste à une déferlante de titres DC Comics sur la blogosphère, due à l’excellente reprise du catalogue en France par le nouveau venu Urban Comics, il serait malhonnête de ne pas reconnaître à Panini Comics leur part de travail dans les tentatives de popularisation de l’éditeur américain dans nos contrées. Cet album-ci en est une bonne illustration, Panini a su aussi éditeur quelques bonnes choses chez DC, Urban n’en a pas la primeur.
L’asile d’Arkham, à Gotham City, accueille tous les pires déséquilibrés que compte la ville. Notamment, tous les criminels perturbés qui combattent le Batman. Joker, Pile-ou-Face, Killer Croc… Des noms d’horreur que personne ne souhaiterait croiser un jour. Mais l’asile a échoué. Les fous en ont prit le contrôle, ainsi que des otages. Ils ont demandé du matériel pour mieux vivre, mais surtout, ils ont demandé Batman. Le Joker, qui mène la danse, veut le voir à leurs côtés, à ce qu’il estime être sa vraie place. Chez les fous. Le Commissaire Gordon essaye de le dissuader d’y aller, mais le héros assume. Pourtant, il craint ce qui l’attend là-bas. Il craint en refermant les portes derrière lui, que la folie ne les rouvre jamais.
Arkham Asylum est une œuvre particulière, dans l’univers Batman, et Panini précise bien qu’elle s’adresse à un public mâture. Grant Morrison creuse jusqu’au bout la question de la folie inhérente aux ennemis de Batman, mais aussi à lui-même. Avec cette idée sous-jacente que Batman serait aussi perturbé que ceux qu’il affronte. Morrison enferme le héros dans la maison des fous, et ne nous épargne rien de cette folie. Il faut avoir le cœur bien accroché.
Il faut dire que Dave McKean, qui illustre ce scénario, est à 80% responsable de ce sentiment de malaise. McKean est plus illustrateur que dessinateur de bande dessinée et il déploie tout son talent dans ces pages, par la peinture, le dessin, le collage, bref, toutes les techniques graphiques potentielles qu’il maîtrise, afin de créer ce sentiment de chaos général, de folie, de malaise. Le scénarise fourni un récit en 64 pages. Le dessinateur a doublé ce nombre par sa prise en main de l’histoire. Il a eu toue liberté, et il l’a employé de bout en bout. Le résultat est impressionnant, malsain, parfait pour le propos de Morrison. La même histoire illustrée par un auteur classique n’aurait eu aucune retombée. Là, c’est juste grandiose. Le scénariste écossais joue parfaitement avec cette figure mythique du bat-univers. Les lieux sont souvent décrits comme des personnages potentiels, cette maxime s’adaptait à merveille pour Arkham (Arkham est un nom de famille. donc depuis longtemps l’Asile est comparé à un humain, par cette simple dénomination) mais jamais autant que dans cette histoire. Le passé de l’asile est exploré, créant une mythologie à la folie destructrice des lieux. L’asile peut les contenir, mais selon Morrison, on peut douter qu’il conçoive que le lieu puisse guérir les pervers qu’il accueille. Arkham suinte la folie comme son créateur, et pourtant, Batman n’envoie nul part ailleurs ses ennemis. Je crois que Morrison nous interroge à ce sujet. Batman peut-il se permettre que ses ennemis guérissent? Peut-il vivre sans eux?
Œuvre majeur du comic-book de super-héros, indéniablement. Cet album prend aux trippes, tout en jouant avec exactitude de l’univers de Batman, univers très codifié. C’est à réserver aux moins sensibles. Ou aux plus précautionneux.
Mango 26/09/2012 08:51
Je te donne tout à fait raison d’insister! On ne sait jamais! Et puis ça change de mes choix habituels!
Yaneck Chareyre 26/09/2012 13:34
Ceci dit, j’ai réalisé que je vous proposais en ce moment beaucoup d’albums exigeants, de super qualité, mais peu de bd orienté sur le seul plaisir de lecture. Je vais essayer de vous proposer
des choses qui parlent aussi au grand public, à l’avenir, varier un peu plus mes choix.
Ceci dit, j’adore ton rendez-vous, et je sélectionne avec attention ce que j’y propose.
soukee 26/09/2012 09:39
Je n’ai jamais lu de comics et pourtant j’aime bien les super héros. Ce titre a l’air chouette. Tu crois que je peux commencer par celui-ci ?
Yaneck Chareyre 26/09/2012 13:39
Disons qu’il serait pas mal d’avoir d’abord une petite idée de la faune des ennemis de Batman, puisqu’on se plonge dans leur monde. Mais si tu as quelques notions dans la matière, que tu sais un
peu qui est le joker, double-face, je pense que tu peux tenter. L’enjeux graphique vaut le coup, à minima.
Belzaran 26/09/2012 12:04
Ca a l’air bien glauque.
Yaneck Chareyre 26/09/2012 13:33
Et c’est tout à fait l’objectif.
soukee 26/09/2012 13:47
Je connais pas mal l’univers de Batman, notamment à travers les films et les jeux vidéo (comme les Lego). Contente de savoir que je peux me lancer avec ce titre qui a l’air très plaisant ! Merci
du conseil !
Yaneck Chareyre 26/09/2012 21:27
Alors tu peux tester. Tu verras, c’est malsain, étrange, mais impressionnant
jerome 26/09/2012 13:56
Dave Mc Kean est un monstre de l’illustration, je suis totalement fan de tout ce qu’il fait. Un grand monsieur !
Yaneck Chareyre 26/09/2012 21:27
Clairement
Noukette 26/09/2012 14:48
Comme Mango, je reste encore réfractaire aux super-héros… Va savoir, ça viendra peut-être un jour ? 😉
Yaneck Chareyre 26/09/2012 21:28
Je ne lâche pas mon baton de pélerin ^^
Mango 26/09/2012 16:58
J’ai remarqué que tu choisis tes titres avec soin et je t’en suis reconnaissante mais quelques-uns me passent nettement au-dessus de la tête. A part certains (masculin obligatoire ici!) et
quelques-unes, ce n’est pas un rendez-vous de spécialistes, seulement d’amateurs mais de qualité, je crois, en tout cas de bonne volonté et d’une grande curiosité! Alors ta décision
de descendre d’un cran dans la difficulté me convient bien: je pourrai plus facilement te suivre! 🙂
Yaneck Chareyre 26/09/2012 21:29
Je ne vise pas un public de spécialiste. J’essaye de proposer des oeuvre exigeantes mais accessibles. De toute façon, moi, les arts conceptuels, ce n’est pas ma came. Et comme je sais les gens
ouverts et curieux, dans ce rendez-vous, j’ose des choses. Mais voilà, des fois, un peu plus de légèreté ne nuit pas non plus.
En tous cas, quand tu vois le nombre de commentaires sur cet album si particulier, ça montre bien que tous ceux que tu as rassemblés aiment oser des découvertes.
Carole 26/09/2012 17:46
Pas lu, mais ma culture DC est pitoyable, ce n’est plus un secret. La couverture est sublime en tout cas. McKean et Morrisson, c’est de l’association qui donne envie.
Yaneck Chareyre 26/09/2012 21:34
Fonces, ça devrait te plaire, même si tu n’es pas une geekette de DC ^^
robin 27/09/2012 20:16
très joli les dessins !!!
PG Luneau 07/10/2012 15:22
Pour ma part, je n’accroche pas trop à ce type d’illustrations. C’est sûr qu’elles sont tout à fait dans le ton, qu’elles créent l’ambiance glauque recherchée… Mais tu me fais réaliser que je
suis vraiment un adepte de la ligne claire! Je suis ouvert à d’autres types de dessin, mais jusqu’à un certain point… J’apprivoise ces autres styles, et ce McKean est définitivement trop loin
de mon «spectre de confort graphique» actuel! Peut-être dans quelques années?!! Dommage, car j’aime bien l’idée du «Batman, aussi atteint que ses ennemis, qui va les rejoindre dans leur antre de
la folie!»
Yaneck Chareyre 07/10/2012 21:23
Pour ma part, je me fais violence pour sortir de mes lectures de confort, afin d’alimenter ce blog de la manière la plus variée possible. Ce pour quoi, aussi, je dispatche mes chroniques de
séries, afin de ne pas lasser les gens. Mais ça demande vraiment un effort, c’est clairement pas facile.