Titre: Le chanteur sans nom
Scénariste: Arnaud le Gouëfflec
Dessinateur: Olivier Balez
Editeur: Glénat
Date de publication: Janvier 2011
Roland Avilles était le Chanteur sans nom, un chanteur de cabaret des années 30, ami de Piaf et Aznavour, star de l’époque, mais complètement oublié aujourd’hui. Dans cette biographie mise en scène, son fantôme est rappelé dans le présent lorsqu’un jeune homme découvre par hasard ses effets personnels dans la maison de retraite où il était mort des années auparavant. Intrigué, le jeune homme décide de retrouver toutes les personnes concernées par ces objets, ces photos, ces lettres, pour leur rendre. Et ainsi, en apprendre plus sur ce mystérieux chanteur masqué et anonyme.
Étonnantebiographie, tellement aventureuse, que j’ai vérifié avant d’écrire cette chronique, la réalité de l’existence de Roland Avilles. Il existe bel et bien, ce qui lui confère une vie assez étonnante, qu’il fallait en effet mettre par écrit d’une manière ou d’une autre. Je comprends parfaitement l’intérêt du scénariste pour ce personnage charmeur, menteur, voleur, lâche, et qui pourtant ne laissa que de bons souvenirs à ceux qui l’avaient connu. Un escroc avec un charme fou, un flambeur qui brûlait la vie par les deux bouts. Une figure, en somme. La construction du récit est très intéressante. Il y a d’abord ce témoin qu’est le jeune homme, représentant le scénariste, mais qui jamais ne s’exprime. Un peu comme s’il était la personnification du narrateur omniscient. Il est là, guide le récit, mais ne rentre presque pas dedans. Et puis il y a cette idée d’impliquer le fantôme de Roland, moyen pour le scénariste de lui donner un peu la parole aussi, alors que son procès est tout de même plutôt à charge (procès global, comme celui proposé dans le récit). Moyen de le justifier, ou au contraire de le faire assumer. Arnaud le Gouëfflec a choisi son camp, a choisi une ligne pour Roland, qui se défend avec justesse, et juste ce qu’il faut de mauvaise foi pour qu’il n’y ait rien de honteux à cela. Cette façon de procéder vient considérablement enrichir la très classique biographie et lui donne une saveur vraiment particulière.
Olivier Balez, le dessinateur, convient très bien à l’époque décrite. En fait, je lui trouve une certaine communauté d’esprit avec l’américain Darwyn Cooke, habitué des bd se passant dans les années 50. Ils ont en commun une certaine simplicité du trait, qui va à l’essentiel, qui va à l’expression. Cooke serait juste un peu plus anguleux que Balez. Il fait aussi un excellent travail en collaboration avec le scénariste sur les ambiances. Par la couleur, en modifiant aussi son trait, il dématérialise le monde des fantômes, symbolise un trait d’humour… On sent les efforts de recherche de la part du dessinateur, qui n’a pas du se reposer sur ses lauriers, et contribue lui aussi à la particularité (positive) de cette biographie.
Je ne pensais pas que je me laisserai embarquer ainsi par cet album. On en ressort en fredonnant des chansons anciennes, et avec une certaine sympathie pour Roland Avilles. Même mort, c’est encore ce qu’il laisse derrière lui. Arnaud le Gouëfflec l’a donc bien cerné.
Noukette 30/05/2012 10:17
L’histoire me séduit, le destin de cet étrange personnage aussi… mais le dessin beaucoup moins ! Je ne sais pas encore si je me laisserais tenter…
Yaneck Chareyre 30/05/2012 10:45
J’aime ce dessin un peu suranné, moi. Feuillete à l’occasion, je ne crois pas qu’il puisse constituer un obstacle insurmontable.
soukee 30/05/2012 10:35
Je me laisserais bien tenter : j’aime beaucoup cette époque ! 🙂
Syl. 30/05/2012 14:42
Moi, par contre, je ne suis pas trop tentée, ni par l’histoire, ni par les dessins. Il faut dire que j’ai déjà une sacrée liste qui m’attend ! alors la sélection devient de plus en plus méchante
!
Je suis toujours dans les De cape et de crocs… je suis venue chercher tes liens.
A+
Mango 30/05/2012 21:32
Je le regarderai à l’occasion car pour l’instant je ne sais pas trop quoi en penser. Le dessin ne me déplaît pas mais ne m’attire pas vraiment non plus.
Yaneck Chareyre 31/05/2012 17:15
Dans ces cas là, il faut ouvrir l’album, le ressentir, et voir ce quon en pense en vrai ^^
PG Luneau 30/05/2012 23:31
Encore une fois, tu parviens à me mettre l’eau à la bouche avec ton résumé… et heureusement, car avec une telle couverture, tu peux être certain que je ne l’aurais jamais ouvert!! Pourtant, la
planche que tu nous proposes est déjà plus intéressante que la couverture… comme quoi celle-ci dessert complètement l’album, à mon avis!! 😉