Yossel, 19 avril 1943 (Semaine Noir et Blanc)(La Bd du Mercredi)

yossel-19-avril-1943

Titre: Yossel, 19 avril 1943
Auteur: Joe Kubert
Editeur VF: Delcourt
Editeur VO: I Books
Date de publication VO: 21 Octobre 2003
Date de publication VF: Janvier 2005

Joe Kubert est un célèbre auteur de comic-book, aux Etats-Unis. Il est même le patron de sa propre école de dessin, en plus d’avoir marqué l’industrie de la bande dessinée par ses propres travaux. Dans Yossel, Joe Kubert imagine ce qu’aurait été sa vie si ses parents n’étaient pas parvenu à fuir la Pologne alors qu’il était bébé, en 1926. Il imagine ce qu’aurait pu être, pour un enfant comme lui, pour sa famille, la vie dans la période la plus noire de l’histoire humaine. Il imagine la vie dans le Ghetto de Varsovie, la mort, aussi. Celle du quotidien, et celle, inimaginable, des camps d’extermination.

Attention, voici encore un album monumental, sur LE sujet le plus difficile sans doute, de la littérature contemporaine. Joe Kubert utilise ses souvenirs, ceux des amis de ses parents, des témoignages, pour proposer une histoire complètement crédible, et absolument poignante. J’en suis ressorti extrêmement mal à l’aise, touché, marqué même. Car contrairement à Maus, la grande œuvre du genre, ici, pas de filtre entre la réalité et le lecteur, via les personnages changés en animaux. Ici, Joe Kubert nous montre des hommes, des femmes, des enfants, dans la cruauté même de leur époque. Pour rajouter encore plus d’émotion, de proximité, Joe Kubert a choisit de ne pas encrer ses crayonnés, de ne pas les mettre en couleur, comme s’ils étaient l’œuvre de Yossel lui-même. On a donc face à soit des dessins bruts, des croquis, qui respirent le réalisme, et l’immédiateté. Bref, il n’y a aucune distance entre le lecteur et le personnage principal, et c’est peut-être le seul reproche qu’on pourrait faire à cette réalisation. C’est magnifique, passionnant, mais il faut vraiment s’accrocher pour arriver à suivre Yossel dans les méandres de la cruauté humaine. Spiegelmann avait instaurer une distance, qui s’avère en fait très utile. Même si le temps a passé, que d’autres récits ont traité le sujet, je pense que trop de proximité nuit un peu à l’appréciation globale de l’histoire. Mais cela n’empêche pas Yossel d’être un album de grande qualité.
Le dessin de Joe Kubert, je vous en ai déjà un peu parlé. Ce parti pris s’avère extrêmement intéressant. Nous ne sommes pas sur de la bande dessinée classique, bien figée, avec les limites habituelles des cases. Il y a de la vie dans ces dessins, de la réalité. C’est vraiment une partie importante de cette œuvre, l’illustration parfaite que les choix en terme de dessins influent complètement sur l’histoire racontée.

Essayez donc cette lecture. Mais surtout, armez-vous de courage, et n’hésitez pas à marquer des pauses, pour ne pas vous noyer dans la barbarie humaine. Ces précautions prises, vous découvrirez une ode à la résistance, au rejet de toute résignation. Des valeurs toujours aussi utile, de nos jours….

Ils en ont parlé: Yvan, Tout en BD, Paperblog.

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16 réflexions sur “Yossel, 19 avril 1943 (Semaine Noir et Blanc)(La Bd du Mercredi)

  1. Violette 20/04/2011 13:00

    un petit tag t’attend chez moi si tu veux bien… il devrait te correspondre parfaitement! à bientôt !

  2. PG Luneau 21/04/2011 04:45

    Le genre d’album très dur, mais qu’il faut lire, ne serait-ce que par respect pour ceux qui sont passés par là et, surtout, pour ne pas que tout ça sombre dans l’indifférence de l’oubli…

  3. Mango 21/04/2011 06:18

    Désolée pour ce contretemps surtout pour une BD aussi délicate et forte en même temps que tu notes si haut. Difficile de faire mieux ensuite!

  4. Yaneck Chareyre 21/04/2011 08:07

    On a tous le droit à un coup de mou ^^

    Et oui, je l’ai mis très haut. Pour moi, il n’y a que Maus, pour l’instant, qui lui soit supérieur.

    Sur cet album là, le graphisme est complètement lié à l’intrigue qui est d’une haute volée. S’il n’y avait ce problème de distance narrateur/ lecteur, il serait parfait pour moi.

  5. choco 22/04/2011 12:18

    Je n’ai pas lu cet album-ci mais connais-tu le « Auschwitz » de Croci ? Très bon aussi dans le genre.

  6. choco 22/04/2011 13:14

    Ah bah oui maintenant que je suis allée relire ton avis, je m’en souviens ^^
    Contrairement à toi et Benjamin, je suis assez fan de son dessin. Et comme, je n’ai pas lu Yossel, je ne saurais comparer. Ceci explique peut-être cela !

  7. Yaneck Chareyre 22/04/2011 14:14

    Ce n’est pas tant le dessin de Crocci, qui m’a gêné, que sa « mise en couleur », si je puis dire. Je te conseille vraiment Yossel. Ceci dit, tu verras, il est encore plus percutant qu’Auschwitz. Il
    faut s’accrocher. Et là où le Kubert est meilleur, c’est dans la conceptualisation du dessin, parfaitement mis au service de l’histoire, intégré, même, dans l’histoire. Un effort supplémentaire
    qui explique aussi que je préfère cet album là.

  8. choco 22/04/2011 21:45

    C’est que tu me donnerais presque envie de relire le Croci pour me le remettre en tête !
    Bon je vais essayer de lire le Yossel sur ton conseil !

  9. Pingback: Yossel, 19 avril 1943, de Joe Kubert | Le blog de Véronique D

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