Titre: Auschwitz
Auteur: Pascal Croci
Editeur: Editions du masque/ Emmanuel Proust Editions
Un couple de juif, pendant la guerre de Yougoslavie, se terre dans une baraque en ruine. Ils savent qu’ils vont êtres tués sous peu, alors ils profitent de l’occasion pour tout se dire de l’horreur qu’ils ont vécu, à Auschwitz, avant de se retrouver. Les chambres à gaz, les divisions faites par les allemands entre certains groupes de juifs pour mieux les exterminer en les dupant. L’horreur concentrationnaire, au quotidien.
Pas besoin d’en dire beaucoup pour expliquer l’histoire de cet album. C’est un album intéressant, assez fort, sommes toute. Il ne cache pas grand chose de la vie concentrationnaire, et même pas les étincelles d’humanité de certains des nazis qui y officiaient.
Pourtant, je ne parviens pas vraiment à m’attacher à ces personnages, à leur histoire. Est-ce le dessin en nuances de gris, qui malgré tout apparaît trop brillant, et qui détacherait du sujet? Je ne sais pas. Maus était en noir et blanc, et pourtant, je n’ai pas le même ressenti. J’ai le sentiment d’avoir une œuvre utile entre les mains, une œuvre qui participe au devoir de mémoire, mais j’ai l’impression qu’il lui manque le supplément d’âme que possède Maus, pour en faire une grande bd. J’ai un peu de mal à écrire cette chronique, je ne sais pas trop quoi dire…
J’aimerai avoir l’avis de ceux qui ont lu les deux œuvres. Ressentez-vous comme mois une vrai différence de qualité entre les deux, ou bien au contraire les trouvez-vous complémentaires, voir égales?
Benjamin Il y a 3 ans
Tu indiques édition du masque sur ta fiche, c’est une édition que l’on ne trouve plus, elle a été remplacé par une édition chez Emmanuel Proust.
Yaneck Chareyre Il y a 3 ans
d’accord, je vais préciser les deux alors
Benjamin Il y a 3 ans
Pour répondre à ton interrogation, j’ai lu les deux et pour moi, il est difficile d’essayer d’établir un parallèle. La raison est simple, je n’aime pas le graphisme de Pascal Croci. Il met
immédiatement une sorte de détachement qui me fait rapidement fermer ses albums. Après, là il s’agit simplement d’une histoire de sensibilité graphique. Quand il s’attaque à Dracula, pourquoi pas
mais sur un sujet comme Auswitz, c’est sans moi.
Mais encore une fois, je pense que dans mon cas, il s’agit d’un problème exclusivement graphique. Cette BD avait eu une très bonne presse, il a même eu un prix prestigieux je crois.
Yaneck Chareyre Il y a 3 ans
Comme quoi, cette sensation n’appartient pas qu’à moi, ce doute…
Kristel Il y a 2 ans
En recherchant des illustrations de cette bande dessinée, dans le cadre d’un écrit universitaire, je me décide à laisser un petit commentaire.
« Maus » de Spiegelman relève d’une narration figurative, les dialogues priment sur l’image.
« Auschwitz » de Croci relève d’une figuration narrative, donc, en toute logique, l’image prime sur les dialogues. Les personnages sont assez creux et les dialogues très mauvais, à la limite du
mauvais goût dans certains cas. En revanche, je ne crains pas certains choix « esthétiques » de cette Bd. Toutefois certaines situations sont historiquement invraisemblables (par ex. l’intégration de
Kazik dans les Sonderkommando ; en 1944, les membres des Sonderkommando étaient choisis dès leur arrivée à quai). Qu’elle ait reçue un prix en faveur du « devoir de mémoire » n’a rien d’étonnant.
Toutefois, la complexité de l’univers concentrationnaire résiste à la représentation visuelle, il me semble. Au profit d’une « sensibilisation » (à tout prix) sur cette période, la qualité/la
pertinence/la subtilité se perdent, tant que les images chocs restent premières. Enfin, voilà, je laisse un petit (pour éviter de trop déborder) commentaire suite à ton article qui date déjà de
plusieurs mois….
Yaneck Chareyre Il y a 2 ans
Pour continuer sur ce même thème, allez donc lire ma chronique de Yossel, 23 avril 1943 par Joe Kubert. J’y développe une petite réflexion sur la mise à distance, sur ce thème épineux et violent
de l’univers concentrationnaire:
http://www.chroniquesdelinvisible.com/article-yossel-jeudi-comics-70956079.html
Pour Auschwitz, je dirai que le devoir de mémoire ne devrait pas se départir d’une certaine exigence morale sur le respect de la véracité. Je pense qu’il y a déjà assez de matériel pour produire
de bonnes histoires, poru ne pas respecter l’Histoire.
Kristel Il y a 2 ans
Merci pour ton commentaire de réponse.
Je ne connaissais pas du tout « Yossel, 23 avril 1943 », je viens de lire ta chronique, et du coup, je suis assez « curieuse » de la découvrir…Je n’ai pas fait de recherches sur les bandes dessinées
évoquant la déportation et la Shoah, à ce titre, je suis très intéressée si tu peux m’en conseiller certaines…
ps : je suis en étude photo ; dans « Auschwitz » de Croci, j’ai été amené à questionner l’insertion des quelques photographies (« historiques ») redessinées par l’auteur et intégrées (de manière (fort)
contestable, à mon goût) à sa fiction.
pps: sur un tout autre sujet, j’ai été fort impressionnée par le travail de Shaun Tan ; beaucoup l’ont dit avant moi, mais, son approche de l’exil, sans paroles, riche de symboles « poétiques » est
particulièrement bien vu.
Yaneck Chareyre Il y a 2 ans
pps: j’ai détesté cet album, de Shaun Tan. Mais parce que je suis un littéraire, et pas un visuel ^^